Florent Schirrer, du Minitel à l’art digital interactif
Auteurice de l’article :
Florent Schirrer, Montois de bientôt 39 ans. Petit, il s’intéressait à “tout ce qui bougeait”. Aujourd’hui, il est Interactive Art Developer, sous le nom Hello I’m Flo. Avec un besoin constant de s’exprimer sur le plan créatif.
“Je fais des installations interactives pour des client·es, des musées… et pour m’amuser.” C’est depuis l’enfance que Florent Schirrer a un intérêt pour l’animation. Petit, il joue avec le Minitel de ses parents – le Montois d’adoption est français d’origine. “Je me rappelle avoir 3 ou 4 ans et faire des slash – anti slash. Je créais une sorte de labyrinthe que j’imprimais sur le fax. C’est ma première interaction avec l’informatique.”
Il fait des études de graphisme à Strasbourg. Intéressé par l’imprimé et le côté interactif, il étudie ensuite dans une autre école grâce à laquelle il travaille en alternance dans une agence web. “J’ai ajouté à mes compétences le côté web et suis devenu webdesigner. En faisant ça, j’ai touché à tout ce qui est animation flash. C’était les débuts du motion design à l’époque.” Florent souhaite alors apprendre la 3D et se renseigne au niveau des écoles. Après un examen d’entrée raté à Valenciennes, il rejoint une école de Saint-Ghislain, en Belgique – ce qui tombe bien puisque sa compagne est belge.
Trois ans et demi plus tard, il devient freelance. Il décroche rapidement quelques contrats… parce qu’il se fait remarquer lors de sa démo de fin d’année. “Je n’avais pas envie de juste montrer les exercices demandés par les prof. J’ai donc suivi le 5 Seconds Project, initié par un artiste américain. L’idée est de faire une vidéo de cinq secondes avec nos compétences et notre technique. Je faisais ça très souvent, le soir après les cours. Dans ma démo, j’avais les exercices demandés et les vidéos de 5 secondes que j’avais assemblées. Ça donnait vraiment quelque chose d’impactant. Si j’ai un conseil à donner, c’est de pousser plus loin que ce que les profs nous demandent.”
Jellycube Studio, le rêve de copains de classe
Après quelques missions Freelance, Florent réalise un rêve commun avec d’anciens copains de classe : lancer leur propre entreprise. “J’avais un an d’expérience. Je voyais mes limites en étant seul.” C’est comme ça que naît Jellycube Studio. Pendant 5 ans, ils travaillent ensemble, principalement en motion design. “Il y a eu un alignement des planètes. Le motion design était en train d’exploser en même temps que l’hébergement vidéo. C’est donc devenu facile de montrer notre travail.” Florent et ses associés deviennent alors des références dans leur domaine. “Toustes les étudiant·es des différentes hautes écoles avaient comme rêve d’être stagiaires chez nous. On était la boîte où il fallait aller.”
Un jour, l’aventure s’arrête, même si tous restent en bons termes. Florent redevient Freelance pendant un an. Avant de décrocher deux mi-temps, l’un dans une boîte de pub à Mons, pour ouvrir un département motion design. L’autre chez Hovertone. “C’était bien, mais très sportif. Après un an, j’ai choisi de rester chez Hovertone.” C’est là qu’il devient Interactive Motion Designer. “Je fais du motion design, de l’animation, à destination d’installations interactives.”
Faire ce qui lui passe par la tête
Cinq ans plus tard, l’envie de redevenir Freelance est plus forte que tout. “Pour avoir testé d’être employé, je me suis rendu compte que ça ne me convenait pas. Il me fallait du temps pour m’exprimer, créativement parlant. C’est ce qui caractérise beaucoup de profils créatifs. On a envie de faire ce qui nous passe par la tête au moment où ça nous passe par la tête.” C’est comme ça qu’il imagine “Ai Creative Partner”, il y a un an. Projet pour lequel il sera accompagné par Le Click, à Mons.
“Comme tout le monde, j’ai vu le boom des possibilités avec l’IA. J’ai eu une idée : et si je faisais une boîte avec une caméra, un ordinateur à l’intérieur et que je pouvais permettre aux gens de dessiner et transformer ça en une oeuvre d’art ?” Florent réalise un premier prototype. Puis contacte Martin Waroux, chef de projet au Click. Un lab qu’il connaissait en faisant partie de la communauté créative montoise. “Je suis venu avec l’envie de faire un objet portatif, qui soit interactif et surprenant. On crée une imagine nouvelle à chaque fois qu’on s’en sert. C’est un jouet, quelque part… Et puis, c’était une manière d’explorer ce que l’IA peut faire. Iels cherchaient un projet intéressant avec lequel utiliser la CNC, donc j’ai travaillé avec elleux. Iels m’ont dit : on va faire tout ce qu’on peut pour que ce soit ce dont tu as envie.”
Sur place, les lab managers aident Florent au niveau des plans, de la réflexion technique. “Iels m’ont conseillé au niveau du matériel à utiliser. Comme il fallait tester la CNC, c’était donc du bois. Plein de questions techniques ont été prises en compte par elleux, puis les schémas de construction. J’ai appris plein de choses, c’était passionnant.” L’envie de Florent ? “Trouver une autre idée de projet pour y retourner, sourit-il. Le lab est bien complet, il y a moyen de faire des choses très intéressantes.”
Aujourd’hui, le prototype de Florent fonctionne et il a déjà été possible de l’utiliser lors de plusieurs événements. “Je réfléchis à un site web avec service de location. L’idée serait de prendre ce projet et de le faire évoluer en quelque chose de louable, à destination professionnelle.”
On écorche la surface de tout ce qu’on peut faire avec l’IA
Pour Florent Schirrer, même si l’IA part actuellement de ce qui existe déjà, les possibilités sont infinies. “Quand j’étais petit, je voulais être inventeur. Je me rappelle être déçu en me rendant compte que tout avait déjà été inventé. Mais je me suis dit que si j’inventais quelque chose, que quelqu’un inventait autre chose, on en inventerait une troisième à partir de nos deux inventions. En conclusion, c’est infini.” Selon lui, les IA permettront d’arriver plus rapidement à un résultat. “Mais je trouve qu’il faut une impulsion humaine pour le moment. Les fois où j’ai fait écrire un article par l’IA, j’ai toujours remis les mains dedans. Ce n’est pas assez personnel. Même si ChatGPT a toutes les connaissances du monde, il n’en a pas d’expérience réelle. Cela manque de coeur.”
Dans ses plus grandes fiertés, Florent cite des projets pour Hainaut Tourisme, que vous pouvez voir ci-dessous. Ou encore un projet pour Dirty Monitor à Shanghai, en Chine. “Iels faisaient un show immersif sur la thématique de Gustav Klimt. En entrant dans la salle, les gens se prenaient en photo et celle-ci ressortait en Klimt.”
La création d’image, c’est un domaine que Florent ne pourrait jamais quitter. “Je crois que ce qui m’apporte le plus, c’est de faire des choses qui plaisent aux gens, qui les émerveillent et les émeuvent. J’ai envie de leur permettre de s’échapper du quotidien et de vivre un moment spécial.”
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