Stereopsia, cœur européen des technologies de l’immersion
Auteurice de l’article :
Les 9, 10 et 11 décembre derniers, l’événement annuel bruxellois dédié aux technologies d’immersion fêtait sa 16e édition. Durant 3 journées intenses, expert·es, scientifiques, artistes, étudiant·es ou simples curieux·ses venu·es du monde entier ont pu découvrir et échanger sur les avancées dans ce domaine qui ne cesse d’évoluer.
VR, AR, XR. Si vous lisez régulièrement nos articles sur kingkong (sinon, foncez ! Vous ne serez pas déçu·es), vous connaissez maintenant très bien la signification de ces acronymes. Pour les profanes d’entre vous, faisons tout de même d’abord un rapide petit lexique. La VR (Virtual Reality en anglais) est une technologie immersive qui plonge l’utilisateurice dans un environnement entièrement virtuel, recréé numériquement, à l’aide d’un casque qui isole du monde réel. L’AR (Augmented Reality) superpose des éléments virtuels (images, informations) au monde réel via un écran (smartphone, lunettes connectées), enrichissant ainsi l’environnement perçu. Enfin, la XR (Extended Reality) englobe à la fois la VR et l’AR afin de fusionner réel et virtuel pour créer des expériences immersives variées.
Si nous revenons spécifiquement sur ces différents termes, c’est parce que Stereopsia, c’est LE carrefour européen qui couvre l’ensemble de ces technologies. Un rendez-vous incontournable qui avait lieu cette année à la Maison de la Poste de Bruxelles, à deux pas de Tour & Taxis. Un endroit parfaitement adapté pour les dizaines de stands présents, permettant aux nombreux·ses visiteur·euses de s’immerger dans des mondes virtuels à l’aide de casques VR, de discuter avec des avatars numériques animés par intelligence artificielle ou encore de voir la réalité se contorsionner en rythme avec de la musique.
Stereopsia ou l’art de rassembler les acteurices
Hormis les expériences proposées qui étaient souvent originales voire surprenantes, ce qui nous a marqué·es lors de notre petit tour à travers les différents stands, c’est la diversité des personnes présentes. Artistes, créatif·ves d’entreprises, expert·es, étudiant·es ou encore badauds se côtoient et, souvent, discutent ensemble. Un but suivi par les organisateurices de l’événement, dont Alexandra Gérard, la directrice de Stereopsia, fait partie : “Stereopsia, c’est le lieu où, depuis 16 ans, on fait le point sur la technologie et sur ce qui s’est passé l’année écoulée dans le secteur des technologies d’immersion et surtout, sur ce qui va se passer l’année suivante. L’un de nos principaux objectifs, c’est de faire se rencontrer celles et ceux qui créent, qui en ont besoin et qui investissent dans ces technologies. À ce niveau, on peut clairement dire que Stereopsia est un carrefour”.
Des échanges qui permettent donc de perpétuer l’expansion du secteur, et plus particulièrement au niveau européen, poursuit Alexandra Gérard : “On s’est rendu compte que souvent, les acteurices travaillant dans les technologies d’immersion avaient besoin de partenaires issus de pays parfois lointains. Par exemple, certain·es ont besoin de collaborateurices qui ont développé une technologie en Norvège. Et donc, si tu ne les connais pas, c’est difficile de les atteindre. Un événement comme celui-ci permet d’avoir sur place des Norvégien·nes, mais aussi des Luxembourgeois·es, des Portugais·es et plein d’autres nationalités. Ça facilite le travail pour créer des coproductions, chercher des subventions, des tax shelters, etc.”.
Des technologies qui s’ouvrent au monde
Si AR, XR et VR existent maintenant depuis un long moment, leur place dans l’écosystème digital (qu’il soit artistique, industriel ou même lié à la vie quotidienne) ne cesse de prendre de l’ampleur, mais aussi et surtout, de devenir accessible à un nombre de plus en plus important de personnes. Judith Guez, artiste, chercheuse mais aussi créatrice du Salon “Laval Virtual“, explique que c’est d’ailleurs ce dernier point qui est sans doute le plus grand tournant dans l’utilisation de ces technologies. “Quel que soit le domaine d’innovation, l’humain a toujours envie d’aller vers de plus en plus de découvertes, d’outils pour aller plus loin et voir encore plus grand. C’est pour cette raison que, plutôt que de parler de nouveautés, je parlerais davantage de tendances. Par exemple, cette année, on discute beaucoup ici d’intelligence artificielle. Les années précédentes, on parlait de métavers, et juste avant, l’intérêt principal était tourné vers la VR et la réalité augmentée. Or, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que tout cela n’est pas perdu d’années en années. Au contraire, tout se mixe petit à petit, et cela crée quelque chose qui est à chaque fois intéressant à observer. De plus, on remarque que ces technologies deviennent accessibles. Les composants utilisés sont moins chers, plus petits et plus faciles à utiliser. Cela permet à beaucoup plus de gens de métiers différents d’y avoir accès et de pouvoir créer en les utilisant.”
Un mélange des technologies que met également en avant Alexandra Gérard. Mais pour elle, toutes n’ont qu’un objectif : permettre un développement encore plus important de l’immersion proposée. “On avait deux panels ces jours-ci là-dessus. On voit vraiment qu’en eye tracking, le suivi du regard, et en eyewear, tout ce qui est portable sur les yeux, il y a une belle évolution qui permet d’accroître l’immersion. Pareil pour l’IA dans le cadre des avatars d’XR4Heritage, par exemple.” Un dernier cas particulièrement intéressant à découvrir (et dont on vous avait déjà parlé ici) puisqu’il met en scène des avatars 3D historiques représentant des figures méconnues de l’Histoire, notamment des héros africains et des femmes influentes. L’objectif derrière ce projet est de revisiter le passé, questionner le présent et imaginer des futurs souhaitables en proposant des expériences culturelles immersives et inclusives. Un pari réussi notamment grâce au recours aux différentes technologies immersives.
Le savoir-faire wallon et bruxellois en quête d’expansion
On en a parlé, un événement comme Stereopsia permet de rassembler cette communauté bouillonnante. Rien d’étonnant dès lors à y retrouver la plateforme wake! by Digital Wallonia (qu’on vous a présentée de manière détaillée ici), qui organisait au sein de Stereopsia un meet up avec les acteurices wallon·nes et bruxellois·es des secteurs culturels, créatifs et numériques. Un moment d’échange particulièrement intéressant proposé en collaboration avec l’opérateur de développement économique hub.brussels à travers sa plateforme ICC creative.hub et le cluster audiovisuel play.brussels, comme l’explique Delphine Jenart (KIKK), coordinatrice de wake! : “Stereopsia fait partie des membres fondateurices de wake!. C’était donc super important pour nous d’être accueilli·es par elleux, mais aussi d’être à Bruxelles, qui est vraiment un hub rassembleur. Le fait de pouvoir créer de la synergie avec tout l’écosystème industriel et créatif bruxellois a vraiment son importance, parce que c’est dans cette direction-là de travail qu’on veut aller en 2025. Et puis, c’est un événement aussi dédié à la XR, et on sait qu’en XR, on est vraiment dans des tendances qui se développent très fort et qui sont très pertinentes au regard de notre secteur de la créativité numérique. De ce fait, ce rendez-vous nous sert à la fois à sourcer les innovations, mais aussi à montrer qu’on existe et que nous aussi, on veut pouvoir accueillir le vivier de créateurices numériques issu·es de ces secteurs”.
Une rencontre qui était aussi l’occasion d’aborder la thématique de l’internationalisation et son importance pour le secteur, comme expliqué dans cette vidéo.
De quoi, en tout cas, prouver s’il ne le fallait encore à quel point Stereopsia est un rendez-vous devenu incontournable pour quiconque souhaite imaginer, collaborer et construire les expériences immersives de demain.
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