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Pupa, l’art de voir grand

Auteurice de l’article :

Julie Mouvet
Journaliste

À ses heures perdues - pendant que d'autres perdent des journées devant Netflix - Julie, elle, lit, écrit des articles, enregistre des podcasts, monte des vidéos... Un condensé de discipline et de passion qui font d'elle l'ennemi jurée de tout procrastinateurice du dimanche ! Depuis quelques mois, elle a rencontré son binôme rêvé pour co-gérer le média kingkong.

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À 9 ans, elle réalise son premier dessin plus grand qu’elle. À 11 ans, elle sait qu’elle dessinera toute sa vie. Elle, c’est Pupa. Wall Designer, touche-à-tout, hyperactive et indépendante dans l’âme.

Le rendez-vous est pris un lundi, à 11h, dans cet incroyable lieu créatif qu’est JACADI (dont la gestion est confiée au Comptoir des Ressources Créatives de Liège). C’est là, aux côtés de nombreux·ses autres créateurices, que Pupa partage un atelier. Dans la pièce, de la couleur, des grands dessins sur les murs, des prototypes de ses créations. C’est ici, entre autres, que la magie opère. Son métier ? “Dessiner en grand”. Mais pas que.

Pupa est Wall Designer. Petite, elle trouve le monde un peu trop boring. Alors, elle décide de le colorer. Et elle se lance dans le dessin à grande échelle pour créer des univers délirants, farfelus et surtout, débordant de bonne humeur. Non sans passer par quelques étapes sur son parcours. “Durant mes études, j’ai toujours été en échec. Je voulais faire architecture, mais ça coûtait trop cher et je me disais que je n’allais pas y arriver. Je me suis rabattue sur le graphisme et ça a éveillé ma curiosité. Je me suis dit que c’était possible d’imprimer des choses que les gens pouvaient avoir chez elleux.”

En 2019, Pupa devient indépendante complémentaire en wall design. Elle décroche des contrats avec Ikea, L’Oréal, O’Neill… “Entre deux gribouillis”, elle monte aussi un shop de spiritueux, crée des événements qui rassemblent plus de 1.000 designers, est cheffe d’un réseau 100% féminin, devient fromagère… – quand on vous dit qu’elle était hyperactive. Puis, en janvier 2021, elle devient indépendante totale. “Je n’avais rien, zéro plan financier. Et j’ai démarré avec une grosse dette.” Mais elle bosse dur et en 2022, elle sort sa première collection de papiers peints. Deux ans plus tard, elle lance Olala by Pupa, sa marque. “Je n’avais pas envie de m’enfermer dans le papier peint. Un de mes canaux de l’amour, c’est d’offrir et de recevoir des cadeaux. Même quand quelqu’un·e m’offre une pâquerette, je sais que cette personne m’aime.”

La découverte de la broderie au Texlab

C’est comme cela qu’elle développe une gamme de puzzles, vases (réalisés avec son compagnon céramiste), tatouages éphémères, papeterie… et textile, pour lequel elle a été accompagnée par le Texlab. “Je voulais me former à la broderie. Et c’est via Job’In, où j’ai suivi un coaching, que j’ai découvert le Texlab. Je n’en avais jamais entendu parler avant l’année dernière.” Pupa y apprend donc la broderie avec Fanny Van Hammée, chargée de projet confection et broderie au Texlab. “Manipuler les machines est hyper intéressant car cela permet de comprendre tous les aspects techniques. Le rendu sur iPad et le rendu broderie sont très différents. C’est juste à côté, je peux y aller et tester. Ensuite, je me rends chez mon fournisseur avec le prototype. J’ai dans l’idée de faire des grands patchs termocollants. Ce sera mon prochain passage chez elleux.”

L’entrepreneuse est reconnaissante de l’aide reçue au Texlab. “Ces nanas sont exceptionnelles ! Elles sont passionnées et accueillent ton projet en disant : on va le faire. Elles respectent ce que tu as en tête, même s’il y aura des améliorations et des changements. Elles sont motivées et on voit qu’elles kiffent ce qu’elles font. Quand je suis arrivée, je les vouvoyais. Maintenant, on boit des bières ensemble.” Le rêve de Pupa ? Pouvoir toucher à toutes ces machines au quotidien. “Je suis une grande curieuse. Lorsque le Relab a ouvert, j’étais une des premières utilisatrices. Le travail à la main, c’est juste génial. Dans l’idéal, je ferais 4 fresque à l’année et le reste du temps, je peindrais sur un mur pour moi et je développerais de cela des objets collector.”

Pour sa marque, Pupa a voulu se “mettre encore un peu de défis”, puisqu’elle ne produit qu’en Europe, principalement en Belgique et à Amsterdam. Sa valeur première ? Donner du bonheur aux gens. “Tout est fait avec amour. Chaque chose est d’abord dessinée en grand puis redigitalisée. Je voulais que cela rentre dans les intérieurs.” Lorsqu’elle réalise un wall design chez des particuliers, c’est toujours un moment rempli d’émotions. “Parfois, les client·es pleurent. Et j’ai envie de pleurer aussi”, sourit-elle. Pourtant, elle se demande toujours si ses créations vont plaire. “Je fais tout en impro. La personne me dit : voilà mon mur et ce que j’aimerais. Pendant une journée, je peins ce qui m’inspire. C’est un échange et puis mon interprétation de ce qu’iels ont sur le coeur. De la spontanéité à 100%. Les personnes prennent souvent congé, c’est un peu un événement. Et moi, j’ai l’impression d’accoucher devant les client·es”, rigole-t-elle. 

Dans ses dessins, au style qu’elle définit “un peu naïf, très doux et poétique”, Pupa relate des souvenirs. “Ma vie a été dure, triste. Je n’avais pas d’amour. Alors je voulais pouvoir me créer des fenêtres sur des mondes extérieurs, des mondes de bisounours.” Et si elle dessine principalement des plantes et des animaux, c’est grâce à son grand-père. “J’ai été élevée par lui et il avait un jardin très florissant. Les plantes m’ont toujours attirées, pour leurs textures, leurs jeux de lumières. Et je trouve les animaux plus faciles à dessiner que les humain·es. J’ai voulu être fleuriste, vétérinaire et architecte. Là, je fais un petit combo des trois.”

La difficulté d’être indépendante

Parfois, Pupa a envie de tout arrêter. “Le système est tellement dur. Être indépendante, c’est épuisant, éreintant. Parfois, j’ai envie de tout plaquer et d’ouvrir un bar à cocktails. Mais ça dure une heure ou deux. C’est un métier de passion. Je sais que je vais dessiner toute ma vie.” Son prochain objectif ? Vendre ses collections en boutiques. “Je fonctionne fort step by step. Sinon, j’ai peur, je suis dégoûtée et j’arrête, plainsante-t-elle. Je viens d’obtenir un financement pour engager un·e commercial·e qui démarchera les boutiques.” Via l’Awex et d’autres organismes, Pupa se forme constamment et entre régulièrement des demandes de subsides. Depuis ses débuts, elle a l’impression d’avoir beaucoup appris. “Si je n’écoutais que l’artiste en moi, je ne ferais qu’un dixième de ce que je réalise durant la semaine. La partie business est omniprésente. Prospecter, s’occuper des réseaux sociaux, écrire des newsletters… C’est parfois frustrant car j’ai juste envie de prendre mes bombes et de créer. Mais je n’ai pas le choix. Sortir un produit, c’est bien. Mais il faut penser à tout ce qui suit.”

Son défaut ? Ne pas prendre de recul et se féliciter pour le chemin parcouru. “Je suis une fonceuse. Je réfléchis peu et je donne tout pour essayer d’y arriver. Mais j’analyse peu ce que je fais et je me remercie peu. Avec ma psy, on a pu passer cette barrière de moi qui me flagelle en me disant que je suis nulle. C’est triste d’être comme ça avec soi, mais j’y travaille pour être fière de moi.”

Lire nos précédents articles sur les ateliers de prototypage :

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