L’e-Square, une concentration de synergies créatives et entrepreneuriales
Auteurice de l’article :
Il y a un atelier de prototypage dont on avait pas encore parlé dans cette série d’articles qui leur sont consacrés, celui de l’e-Square à Marche-en-Famenne. Un lieu aux services et activités multiples que l’on a pu découvrir récemment. Tour du propriétaire.
Mercredi 11 septembre, 14h. On arrive à l’e-Square de Marche-en-Famenne. Un grand – mais chaleureux – bâtiment où on est tout de suite accueilli·es lorsque l’on pousse les portes. Nicola Battistini, fablab manager, nous propose un tour du propriétaire. Et là, grosse découverte. À l’e-Square, on retrouve : un fablab, un coworking, de nombreux services de la Ville, notamment les éducateurices de rue et celleux qui travaillent à la transition écologique, la prévention ou le plan de cohésion sociale, l’e-cube (un programme d’accompagnement pour projet entrepreunarial en partenariat avec Idelux), l’Espace Public Numérique, l’ADL (Agence de Développement Local) et des salles de réunion.
Ces différents services s’entrecroisent et de nombreux projets passent par le fablab, comme cette boîte à livre à l’extérieur du bâtiment réalisée par les enfants encadrés par les éducateurices de rue, de Marche-en-Famenne. Mais aussi les meubles que l’on peut croiser un peu partout dans le bâtiment, dans les salles de réunion ou au détour d’un couloir. Au sein du lieu, on sent une véritable synergie entre des projets qui se nourrissent mutuellement.
Dites plutôt tiers-lieu
L’e-Square se définit comme un “tiers-lieu innovant” à Marche-en-Famenne. Les services de la Ville et le secteur privé collaborent pour répondre aux besoins de formations et de mise en réseau des Luxembourgeois·es. Un projet assez récent, puisque né en 2018. “S’en est suivi la période du Covid. Mais malgré tout, la communauté a été maintenue”, explique Anne-Sophie Dothée, coordinatrice du Tiers-lieu et déléguée à la gestion journalière de l’asbl e-Square. Le but du lieu ? “Créer un écosystème. Créer des ponts, des transversalités et renforcer le côté entreprenariat et le prototypage.” C’est en ce sens qu’est né le programme “e-cube”, conçu spécialement pour accompagner les porteur·euses de projets, les starters et les entreprises dans leur parcours entrepreunarial et d’innovation. En plus de cycles thématiques (sur l’aspect marketing, juridique ou encore financier), ces personnes peuvent aussi être accompagnées de façon individuelle au prototypage.
À l’e-Square, on retrouve aussi un espace gaming depuis février 2024. Gaetan, animateur multimédia et ambassadeur Minecraft, est en plein atelier de programmation Lego Spike lorsqu’on lui rend visite. Dans sa salle, il propose plein d’activités : des ateliers, mais aussi de la prévention et des astuces pour jouer en toute sécurité, des apprentissages avec Minecraft Education, un coin gaming et des tournois.
Déjà impressionné·e par tout ce qu’on retrouve à l’e-Square ? L’équipe ne s’arrête pas là puisque des studios de podcast et vidéo verront bientôt le jour, à destination des porteur·euses de projet et des entreprises.
Des projets qui ont une histoire
Mais revenons-en à l’objectif de cet article, qui fait partie de la série consacrée aux ateliers de prototypage en Wallonie : le fablab. L’espace comprend un parc machines impressionnant, avec CNC, découpe – gravure laser, découpe fil à main, découpe plateau, thermoforeuse, scanner portable 3D, imprimante 3D à fil et résine, machine à coudre, brodeuse numérique, presse à chaud ou encore scanner 3D portatif. Le public qu’on y retrouve ? Principalement des porteur·euses de projet, des étudiant·es, des professeur·es, des TPE (très petites entreprises) ou des entreprises naissantes. “Ce sont souvent des gens qui ont un vécu, une expérience, confie Nicola Battistini, fablab manager. Il y a du sens derrière les projets accompagnés.”
Citons par exemple “Tampon signe”. Des tampons destinés à évaluer les copies des élèves de primaire réalisés par une enseignante. “L’idée est d’avoir un tampon pour donner une appréciation de façon éducative sur la fiche des élèves. Elle ne savait pas du tout dessiner en vectoriel, on l’a accompagnée pour développer quelque chose de fonctionnel qu’elle peut tester dans son activité complémentaire.”
L’équipe a aussi travaillé sur le projet “Suitcat“. Une solution pour rendre les voyages avec le chat plus sûrs et plus simples. “En fait, il s’agit de son panier habituel, explique Nicola Battistini. Et quand son maître doit l’emmener chez le vétérinaire ou autre, il n’a plus qu’à fermer la boîte. Le design est joli et le chat est moins stressé.” Un projet “ambitieux” selon le fablab manager qui aime les défis. “Il a fallu fractionner la boîte en 8 pour imprimer les différentes pièces via nos imprimantes 3D. Collage, choix du filament… Mathilde, la créatrice, a dû se confronter à quelques contraintes techniques.”
Comme les autres lab managers interviewé·es dans cette série d’articles, Nicola ressent beaucoup de fierté lorsque des projets accompagnés se concrétisent. “Souvent, iels se demandent où on va aller, ne sont pas très confiant·es et puis, on ressent beaucoup d’engouement au fil des accompagnements. Ces personnes cogitent l’idée depuis bien longtemps et le fait de passer à quelque chose de concret, cela les booste.” Et l’accompagnement ne s’arrête à cette étape de prototypage. “On peut les renvoyer vers nos partenaires pour les challenger sur la viabilité de leur produit, le démarchage, faire une enquête et analyse du marché…, explique Anne-Sophie Dothée. C’est un accompagnement sur du long terme avec différentes portes d’entrée et de sortie.”
Prototypage digital
En plus du prototypage “physique”, le fablab propose désormais de l’accompagnement en prototypage digital, suite à plusieurs demandes. “Ce sera toujours du no-code, souligne Nicola. L’idée n’est pas de prendre la place d’un·e prestataire, mais plutôt de confirmer une idée, de fournir un premier outil.” En exemple, il cite le produit d’un porteur de projet. “Il souhaitait avoir une instance orientée comme un chatbot qui délivrait à l’utilisateurice des pensées positifs. Il s’agit d’un outil conversationnel, pour booster le travail de l’utilisateurice. Il a présenté son projet au Mind & Market cette année.” Un événement organisé pour la troisième fois en juin dernier, et qui compte de plus en plus d’inscrit·es.
Ce n’est pas le seul événement organisé par le tiers-lieu. L’e-Square propose un large éventails d’activités pour développer sa visibilité. Le 26 septembre aura lieu l’apéro des makers. “On veut convier tous nos makers actuels pour connaître leurs propositions d’amélioration, savoir ce qu’iels attendent du fablab. Et puis qu’iels fassent venir d’autres personnes sous une forme de parrainage. Le but est aussi que tout le monde se rencontrent, créer du lien et networke.” L’équipe planche aussi sur un Fablab Day, afin de faire connaître les activités et permettent la découverte des différentes machines, de nouveaux workshops avec l’IFAPME, mais aussi une journée spécifique autour du pitch et du networking avec CréaJob et Idelux. Un programme riche qui a pour but de valoriser et faire croître le terreau entrepreneurial luxembourgeois.
Lire nos précédents articles sur les ateliers de prototypage :
- Les ateliers de prototypage en Wallonie : spécialisation, conseils et communauté
- Les ateliers de prototypage : pour qui et comment ?
- Du Lab à la gastronomie, le parcours entrepreunarial audacieux de Louis Falisse
- Ateliers de prototypage en Wallonie : qui sont celles et ceux qui vous accompagnent ?
- Pupa, l’art de voir grand
- Florent Schirrer, du Minitel à l’art digital interactif
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