Belle & Chocolat, éveiller les sens et les consciences
Auteurice de l’article :
En janvier 2020, Louise Gérard a créé Belle & Chocolat, sa chocolaterie créative et responsable. Designer de formation, elle est devenue chocolatière par passion de la matière. Son produit phare ? Une tablette réalisée dans un moule unique créé au ProtoLab de Namur.
Un mercredi, à 10h. La boutique Belle & Chocolat vient tout juste d’ouvrir ses portes… et de grand matin, l’odeur de chocolat embaume le lieu. Marie, stagiaire en alternance, prépare les commandes dans l’arrière boutique. Elle nous accueille en nous faisant déguster la praline L’équatorienne, un praliné croustillant maison aux amandes et noisettes – vous aussi, ça vous fait saliver ? Ensuite, autour d’un café, on se pose avec Louise Gérard, la fondatrice de Belle & Chocolat. Elle se remémore ses études, et le moment où elle a eu envie de devenir chocolatière. “C’était à 16 ans”, sourit-elle. Mais la rencontre de Jean-Philippe Darcis, artisan pâtissier et chocolatier, la refroidit rapidement. “Il ne devait pas être dans une chouette phase, car il m’a dit que le métier était vraiment difficile. Puis mes parents ont aussi joué un rôle dans mon choix. Iels m’ont dit qu’iels avaient les moyens de financer mes études, que je devais saisir cette opportunité et choisir la sécurité.”
Louise décide alors de tester ses compétences artistiques en étudiant à Saint Luc, en option design industriel. “Les deux premières années, je me suis éclatée. Je trouvais mon équilibre. Je suis ensuite partie deux ans en Erasmus et j’ai complètement décroché. J’ai réussi mon Master par la toute petite porte. Je suis sortie des études en n’étant pas très confiante. Je ne me voyais pas me lancer dans une carrière de designer, donc je suis revenue au plan initial.”
Formée chez un artisan chocolatier
Louise envoie son CV à Jean-Philippe Darcis et Benoit Nihant. C’est chez ce dernier qu’elle suit deux ans de formation, via l’IFAPME. “J’étais chargée de la production quotidienne, mais aussi de la création des pièces pour les fêtes de fin d’année. J’ai pu retourner au dessin 3D, à l’impression 3D sur céramique…” Après 4 ans sur place, elle commence à manquer de perspectives d’évolution et part voyager. Elle donne des cours de chocolaterie chez Les Secrets du Chef, ce qui lui ouvre un nouveau réseau, et passe aussi par les Cup’Inn, pour une mission de développement d’une gamme de chocolat. Pendant le Covid, Louise arrête tout et se retrouve au chômage. Pour elle, c’est le moment de se lancer. Elle découvre alors Cap Innove et l’accompagnement Food Camp. “Sur une trentaine de projets, iels n’en gardaient que 10. Je voulais développer une chocolaterie avec des valeurs durables et j’ai été prise. Je suis partie pour 8 semaines avec d’autres porteur·euses de projet.” Louise était coachée par Benoit Lips et Olivier Verbeke, les deux “presque papas” de l’activité. “Ils m’ont tous les deux donné une forme de confiance. En mode : ce sera dur, mais vas-y. Benoit dans les discussions et la vision et Olivier dans le très concret. C’était la première fois de ma vie que je me sentais réellement à ma place. Tellement que j’ai rencontré mon compagnon”, plaisante-t-elle.
Foncer, réajuster
Louise découvre le modèle du Lean Start up. “L’idée est de dire : tu fonces maintenant, tu te prends des murs et tu réajustes. Je viens d’une éducation où il fallait s’assurer que tout était OK avant de se lancer. Cet accompagnement m’a donné des ailes.” Lors de la quatrième semaine, le challenge de vente, pour trouver son marché, marque un tournant. Louise a l’idée de développer une tablette avec plusieurs chocolats. “J’ai testé mon produit en cuisine, j’ai fait quelques photos et j’ai planifié mon crowdfunding. Cela faisait 6 ans que je travaillais le chocolat donc mon réseau familial et amical était très enthousiaste. J’avais comme objectif d’en vendre 150… C’était fait en une heure à peine.” En 4 jours de challenge, Louise vend 1850 tablettes au total. “J’avais fait une tablette, je n’avais pas de moule, pas d’emballage, rien… Il y avait une grosse mise en danger et en même temps, j’étais super fière. J’ai battu le record du challenge de ventes de Cap Innove, je reste dans l’histoire.”
Pour développer son moule, Louise se rend au ProtoLab de Namur. “J’avais rencontré Marine Warzée – alors Design Project Manager – quelques semaines avant. Donc j’y suis allée et j’ai expliqué à l’équipe mon prototype. J’avais 15 jours pour réaliser tous mes moules. J’ai fait beaucoup d’erreurs, car le timing était très serré. Après avoir livré toutes mes tablettes, j’ai passé quatre mois en Recherche et Développement.”
La valeur ajoutée du ProtoLab
Au ProtoLab, Louise se sent entourée. “J’aimais beaucoup travailler le projet avec elleux. Et j’ai aussi appris à les connaître. PM (Gérard – ProtoLab Manager) plus réservé, plus doux, qui va laisser la personne venir. Jean-Yves (Rousseaux – ancien ProtoLab Manager) qui fonce dans le tas et me challenge. Le ProtoLab a donné une valeur ajoutée de malade à mon projet. J’ai créé un produit expérience que je n’aurais pas pu faire sans elleux. Dans l’industrie, cela m’aurait coûté beaucoup plus cher.”
Belle & Chocolat naît officiellement en janvier 2020. Le 6 octobre 2022, Louise Gerard devient indépendante totale. Elle passera prochainement en société. “Je me sens très bien dans ce statut. C’était un peu flou au début et comme le projet grandit, on se détend un peu la nouille”, rigole-t-elle. L’entrepreneuse a créé une marque créative et responsable, qui répond à ses valeurs. Des chocolats authentiques et bios, qui respectent les producteurices. Le 11 novembre 2023, elle ouvre sa boutique, dans la rue des Carmes à Namur. Quelques semaines avant, Belle & Chocolat reçoit le prix de la découverte de l’année pour la Belgique et le Luxembourg du Gault & Millau. “Je planais totalement. C’était le même sentiment que lors de la première vente. C’est super, mais je vais devoir l’assumer… Je pouvais refuser le prix, mais je l’ai accepté puis j’ai pris trois semaines de congé. Je suis revenue boostée. J’ai visité la boutique et je me suis dit qu’elle avait vraiment pour but de permettre une visibilité et asseoir la marque grâce à ce prix que j’allais recevoir.”
Aujourd’hui, Louise peut compter sur l’aide de Marie, étudiante IFAPME en alternance, et d’une étudiante le week-end pour la vente. “Au début, c’était bizarre de déléguer.” Coachée par le Réseau Entreprendre, Louise est heureuse de faire évoluer son projet et de permettre à d’autres de s’y épanouir. “Je suis vraiment prête à intégrer d’autres personnes qui apportent leur savoir-faire. Cela n’aurait plus de sens de grandir solo aujourd’hui.” Même si la vie d’entrepreneuse est stressante, Louise est fière d’avoir osé se lancer. “Avec le recul, je me demande si j’ai vraiment pris un risque”, conclut-elle.
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