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XR4Heritage : les technologies émergentes pour faire revivre notre passé

Auteurice de l’article :

François Genette

Accro à l’actu, fan de la culture geek, aficionado de tech digitale et gamer acharné, François Genette est passionné par tout ce qui touche au numérique. Journaliste pendant près de 15 ans dans les grands médias nationaux et locaux, il utilise aujourd’hui sa plume pour partager ses découvertes venant des univers qu’il affectionne.

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Réunir les professionnel·les et les expert·es à la pointe des technologies émergentes comme la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle ou encore le développement du web 3. Des conférences, des groupes de travail en vue de faire revivre notre patrimoine historique. C’est ce qu’offrait l’événement The Factory qui s’inscrivait dans le cadre du festival XR4Heritage. Et kingkong y était !

C’était ce vendredi 17 février. Il est 10h du matin et on arrive devant la façade imposante du Musée Royal Art & Histoire de Bruxelles. Situé dans le Parc du Cinquantenaire, ce dernier occupe un pan complet de l’édifice gigantesque bâti au centre de notre capitale et qui fait partie intégrante de notre patrimoine historique. Et justement, ce lieu n’a pas été choisi au hasard, car c’est très exactement de ce thème dont il va être question toute la journée.

XR4Heritage est en effet intimement lié à la question de notre passé et de l’ensemble du patrimoine qui y est associé. Son objectif est double. D’une part, rassembler dans un même endroit et à un même moment, les meilleur·es spécialistes issu·es à la fois des technologies numériques nouvelles telles que la réalité virtuelle, la réalité augmentée, la modélisation 3d, l’utilisation des intelligences artificielles et du web 3 (comme le mécanisme des blockchains, par exemple) et les historien·nes et chercheur·euses dont le travail est de reconstituer et réassembler les pièces de notre passé commun et des personnages, lieux, objets historiques disparus ou encore méconnus.

©Lucie Roulet

D’autre part, son but est d’offrir une vitrine attractive, inspirante et convaincante pour les acteurices de la culture, du tourisme, de l’éducation et des nouvelles technologies, aux opérateurs et institutions responsables de la valorisation et de la préservation du patrimoine et visant à offrir au public des expériences à la fois passionnantes, exhaustives, interactives et inclusives basées sur notre patrimoine du passé.

Un lieu chargé d’histoire pour un événement qui veut la raconter

Ça, c’est donc la présentation théorique de l’événement. Mais en réalité, ça donne quoi ?

Premièrement, il y a cet effet absolument “waw” de l’endroit. Quand vous entrez dans Musée Royal Art & Histoire de Bruxelles, vous ne pouvez ouvrir que de grands yeux ébahis. La beauté, la solennité et la grandeur du lieu sont tout bonnement impressionnantes, vous faisant accéder à une dimension qui colle parfaitement avec le sujet de l’événement.

C’est donc, à ce niveau, un point déjà très positif, puisqu’en choisissant d’y organiser XR4Heritage, les organisateurices intègrent les visiteur·euses dans un lieu qui respire l’histoire avec un grand H et qui les met d’ores et déjà dans un état d’esprit au diapason avec le thème principal.

©François Genette

Autre point positif, l’équipe sur place qui se montre très dynamique. À notre arrivée, on est directement pris en charge par les membres de l’organisation. Les lieux où vont se dérouler les différentes parties de la journée nous sont montrés et on reçoit immédiatement toutes les infos et accréditations nécessaires pour pouvoir nous déplacer librement. Cela peut paraître banal, mais c’est loin d’être toujours aussi simple.

Des intervenant·es passionnant·es et des débats intéressants

Premier temps fort de la journée. On se rend à la séance Pitch & démo dans l’un des petits amphithéâtres du musée. Au programme, 8 pitches (petites présentations) données par 8 acteurices, expert·es dans le domaine des technologies émergentes. Certain·es sont des chef·fes d’agences numériques renommées, d’autres des entrepreneur·euses actif·ves dans les événements interactifs novateurs et internationaux, d’autres encore, responsables d’écoles de design graphique et de modélisation 3d. Venu·es de Belgique, de France, du Québec et d’Afrique, celleux-ci se succèdent pour venir expliquer non seulement ce qu’iels réalisent dans le cadre de leur fonction, mais également et surtout, iels partagent leur vision de l’utilisation des nouvelles technologies numériques pour faire revivre et permettre de visiter un patrimoine historique disparu ou en danger de disparition.

Et on doit le dire, cette partie est tout simplement passionnante. On a affaire ici à des acteurices extrêmement crédibles, possédant une expérience et une vision qui est vraiment novatrice. Les pitches sont relativement courts (à peu près 7 minutes par personne), mais remarquablement racontés et toujours centrés sur les questions principales qui sont le cœur de l’événement. Par exemple : comment utiliser les technologies émergentes et la créativité pour raconter l’histoire d’une personne, d’un objet, d’un lieu ou d’un fait appartenant au passé ? Quels types de narration et de storytelling choisir pour accompagner ces technologies dans ce but ? Comment mélanger les genres liés aux différentes technologies (XR, AR, VR, IA, 3D, Web3) pour obtenir le regard le plus immersif, mais aussi le plus réaliste et porteur de sens en ce qui concerne notre passé ?

Après ce premier passage très instructif, place à des moments de discussions reprenant quatre des invité·es et une modératrice pour échanger sur un thème particulier. Petite surprise à ce propos : ces moments sont au nombre de deux, le premier reprenant les quatre intervenants masculins, et le second reprenant les quatre expertes féminines du panel. Un peu étonnant, car une pluralité des genres aurait pu également être intéressante pour diversifier les débats.

Mais quoiqu’il en soit, les échanges sont passionnants. On y parle notamment des recherches effectuées pour éviter que les technologies émergentes ne créent trop de distance entre le public et ce qu’il est venu voir. À ce niveau, des termes comme “expériences phygitales” — des expériences qui mélangent à la fois les technologies du digital, mais intégrées aux lieux physiques — sont notamment expliqués. On y parle aussi de la prise de recul nécessaire pour l’organisation de ces expositions, festivals, évènements qui doivent encore bien plus prendre en compte les caractéristiques du public et notamment des nouvelles générations pour “taper juste”.

Sur le temps de midi, un petit lunch est offert où l’opportunité nous est donnée de pouvoir discuter avec différent·es acteurices de cette première partie. Là aussi, un vrai point positif de ce XR4Heritage, car ces dernier·ères se montrent très accessibles, n’hésitant pas à échanger pendant un long moment avec nous sur les différentes thématiques abordées. Et une chose nous saute d’ailleurs aux yeux : la passion qui anime unanimement ces différents personnages et l’excitation qu’iels partagent de pouvoir progresser dans un secteur où tout est encore à améliorer, à développer, à inventer.

©Lucie Roulet

L’inclusivité, deuxième point central de XR4Heritage

Il est ensuite à nouveau temps de se rendre dans la salle de conférence pour deux nouveaux plateaux de discussion, dont l’objet est cette fois-ci davantage centré sur l’inclusivité. En effet, dans un monde qui prend de plus en plus conscience des injustices systémiques sociétales liées aux origines et aux genres, comment faire pour offrir à chacun·e une expérience qui soit à la fois complète et inclusive ? D’autant que le patrimoine historique est également un remarquable allié pour œuvrer à la décolonisation grâce à la pluralité des histoires qui peuvent être racontées au travers de ces nouvelles technologies. Un débat très riche et intéressant s’ensuit sur ces questions qui, bien que n’ayant posé que les bases de ces interrogations importantes, aura permis d’esquisser de nombreuses réflexions encourageantes.

Enfin, la journée se termine avec le lancement du projet “Les avatars du Patrimoine”. Ce dernier vise à susciter l’intérêt du jeune public pour des héro·ines méconnu·es ou oublié·es de l’histoire. Mais pas n’importe lesquel·les ! Dans un souci de mettre en avant le matrimoine (c’est-à-dire l’héritage culturel légué par les générations de femmes précédentes) et la décolonisation de l’espace public, ces héroi·nes mis·es à l’honneur ont soit africain·es, soit des femmes qui ont marqué l’histoire de la Belgique dans le cadre du droit des femmes et/ou de la décolonisation. Pour ce faire, il est demandé de réaliser ces personnages de manière numérique à l’aide des logiciels Unreal Engine et/ou Blender. Les meilleurs personnages seront sélectionnés dans le cadre du concours “Talents du Numérique” le 8 mai prochain.

Une affaire à suivre de près donc, et sur le long terme également, puisque “Les Avatars du Patrimoine” reposera à l’horizon 2030 sur 5 actions complémentaires : une consultation citoyenne géolocalisée, un concours dédié aux avatars historiques, un mentoring de talents, des expériences sociales dans l’espace public et une boutique des Avatars. Et si cet événement vous intéresse, restez bien connecté·es, car d’autres articles sur ce thème seront bientôt en ligne sur notre plateforme kingkong.

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