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Pop-Code, un podcast qui décode le cinéma pop-culture et le numérique

Auteurice de l’article :

Laetitia Theunis

Chimiste et océanographe de formation, Laetitia a troqué son tablier de chercheur contre une plume de journaliste par passion pour la vulgarisation scientifique. Elle a fait ses armes au Soir, avant de rejoindre le Vif et de devenir rédactrice en chef du Daily Science. Adepte de la randonnée et de la cuisine sauvage, elle aime s'immerger dans la nature et sortir des sentiers battus.

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Le podcast Pop-Code utilise le pouvoir évocateur du cinéma de la pop-culture pour éduquer au numérique, tout en examinant ses enjeux et limites.

Un bureau open space dans la fac d’informatique de l’UNamur, une passion commune pour la pop-culture et le cinéma, des discussions endiablées. Les ingrédients étaient réunis pour que Benoît Vanderose et Anthony Simonofski se lient d’amitié. Chacun a ensuite poursuivi son chemin de chercheur, le premier devenant professeur de génie logiciel, et le second professeur de transformation numérique et smartcities. Continuer de discuter de leur passion commune les taraudait. Les deux trentenaires ont alors eu l’idée de créer un podcast. Au menu, des films traitant du numérique, bien entendu, et de la façon dont réalité et fiction se façonnent mutuellement. Pop-Code était né.

Au bout d’une année de vie, la chaîne est riche de 10 épisodes longs d’environ 40 minutes. Chacun présente un film issu de la culture populaire (Terminator, Ex-Machina, Snowden, Minority Report etc.) et examine un enjeu clé du numérique (IA, éthique dans l’utilisation des données, lanceur d’alerte, police prédictive, etc.) qui y est abordé.

« Ce qui nous botte le plus, c’est de faire découvrir un film divertissant qui nous a plu. Mais aussi d’essayer de faire réfléchir nos auditeurices à l’impact du numérique sur la société, de leur faire acquérir un esprit critique. En tant qu’académiques, on considère notre podcast comme une mission de service à la société via la vulgarisation de certains concepts. Cela n’empêche, on le réalise sur notre temps libre. C’est un vrai plaisir, et on veut que ça le reste. C’est d’ailleurs pour cela, pour éviter toute forme de pression, que nous ne réalisons qu’un seul épisode par mois », explique Anthony Simonofski.

Un précieux support technique

Pour les accompagner dans leur démarche, les deux compères sont allés frapper à la porte du service audiovisuel de l’UNamur. C’est dans son studio d’enregistrement que les podcasts sont réalisés. « On y entre à 12h, on en ressort à 13h, sourit le spécialiste des smartcities. L’enregistrement est réalisé sans coupe. On a tenu à garder les hésitations et les blancs, on aime ce côté « pris sur le vif ». » La captation sonore et le montage sont gérés par Valentin Meys, ingé son. C’est lui qui a créé notre super générique un peu futuriste.»

« Pour le reste, il s’agit d’une auto-production. On chipote nous-mêmes sur une licence pour relayer le podcast. Benoît en prépare les visuels, tandis que je rédige les descriptions. »

Travail en amont

Pour préparer un épisode, chacun regarde le film du mois de son côté. Prend des notes sur les sujets qui lui semblent pertinents à mettre en avant dans l’épisode de podcast. Et développe son argumentaire sans en parler à l’autre. « On tient à ce que nos analyses et avis soient complètement individuels. »

« Personnellement, pour me nourrir, je fais des recherches par divers canaux : je regarde des making-of du film, ce que les réalisateurices et les acteurices en ont dit. Une fois les thématiques bien identifiées, je me tourne vers la littérature scientifique. Ainsi, le podcast se fait le relais de certains résultats intéressants en lien avec les thématiques du film », poursuit Anthony Simonofski.

La Pop-culture comme outil de conscientisation

Prenons en exemple le film Her, traité dans l’épisode 9. C’est l’histoire d’un homme qui tombe amoureux d’une intelligence artificielle sur son téléphone portable. « Cela nous a amenés à nous intéresser au phénomène bien réel des copines virtuelles façonnées par l’IA. Au féminin, car ce sont surtout de jeunes hommes hétéros qui y ont recours. Il existe toute une littérature scientifique sur le sujet analysant les interactions entre l’humain et l’être virtuel (l’IA est programmée pour plaire à son utilisateurice). Ainsi que les conséquences sur ses relations avec de vraies personnes, particulièrement avec les femmes. » Pas moins de 10 millions de personnes dans le monde ont recours à des chatbots de support émotionnel. C’est-à-dire des IA personnalisées qui simulent une personne à qui parler.  

« Nous sommes convaincus que la culture populaire est un très bon moyen pour sensibiliser et est un grand vecteur d’engagement. Et je ne parle pas ici uniquement de la thématique numérique. Par exemple, Le Secret de Brokeback Mountain, qui raconte l’histoire d’une relation entre deux hommes, a donné une grande visibilité à la cause homosexuelle aux États-Unis. De même, Don’t Look up, sorti sur Netflix et traitant d’une comète qui va venir fracasser la Terre, a fait prendre conscience de l’aveuglement généralisé face au réchauffement climatique et aux catastrophes qui en découlent. »

Davantage de diversité à venir

Durant la première saison de Pop-Code, seuls des blockbusters américains de science-fiction ont été au menu, ainsi que la série Black Mirror. «  Pour la deuxième saison, qui débute en mars 2024, on s’est donné comme mission de diversifier la provenance des films, et de nous tourner également vers le cinéma européen et japonais. » 

« Cela nous permettra de diversifier les sujets abordés. En effet, les films américains traitent essentiellement de l’IA. Et ce, car c’est la technologie qui suscite le plus de discussions actuellement. Mais, afin d’éviter de se répéter et pour apporter davantage de variété, nous allons prendre soin de sélectionner à l’avenir des films traitant de sujets autres, comme la réalité virtuelle, le métavers, la fracture numérique, la cybersécurité ou encore l’Internet des objets », explique Anthony Simonofski. 

Des expert·es seront également plus fréquemment invité·es. Un essai concluant a été réalisé lors de l’épisode de podcast sur Snowden, avec la venue en studio d’Amélie Lachapelle, professeure de droit spécialiste en lanceurs d’alerte (UNamur). « Ni Benoît ni moi ne sommes experts en tout, bien évidemment. Et nous avons de nombreux·ses collègues bien plus calé·es que nous en cybersécurité et autres. L’idée pour cette nouvelle saison, c’est d’utiliser des films comme relais pour apporter une expertise encore plus pointue sur certains sujets. » 

« On a également envie de communiquer davantage avec notre communauté. Nous allons poursuivre la collaboration avec l’Association des Ancien·nes de la Faculté d’informatique de l’UNAMUR. Iels organisent des cinés-débats. C’est un super format qui permet, après la projection du film sur grand écran, d’en débattre autour d’une bière.»

Pop-Code a connu un beau succès en 2023. Benoît Vanderose et Anthony Simonofski ont pu s’en rendre compte lors du salon SETT (School, Education, Transformation, Technology). « Plusieurs professeur·es du secondaire sont venus nous trouver pour nous dire que le podcast était génial. Et qu’iels allaient l’utiliser pour avoir quelques éléments d’argumentation pour lancer le débat avec leurs élèves. Ou même demander à ces dernier·es d’écouter le podcast et d’en débattre ensuite en classe. Ces rencontres nous ont vraiment motivés. » 

A vos écouteurs pour découvrir la nouvelle saison !

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