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Bodies of Water, immersion dans la 12ᵉ édition du KIKK Festival 2023

Auteurice de l’article :

Catherine Coyette

Rédactrice et pigiste freelance depuis 2020, Catherine mixe sa passion de l’événementiel où elle promeut les micro-brasseries artisanales avec l’écriture. Elle forme également des profils variés à la plume. Un brin féministe, la défense du statut des femmes dans la société lui tient particulièrement à cœur. Italienne de naissance, elle s’y échappe chaque année quelques jours. Soucieuse de l’écologie, elle est la reine de la récup’ et des bons plans…

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Du 26 au 29 octobre 2023, Namur a accueilli le KIKK Festival, mêlant innovations belges et internationales autour du thème “Bodies of Water”. kingkong a pris pour vous le pouls de cet évent namurois incontournable.

Pour la douzième année consécutive, le KIKK Festival a proposé ses conférences pointues en réalité augmentée, virtuelle et intelligence artificielle. Le KIKK Market a présenté des produits novateurs, tandis que les installations immersives du KIKK in Town ont captivé un public varié. Le thème de cette édition, “Bodies of Water”, plonge les visiteur·euses dans la relation entre l’eau et la vie, explorant les flux mondiaux et analysant les dynamiques de pouvoir, culture, politique et économie dans notre société. Un menu alléchant s’offrait à nous…

Coté pro : un cocktail de conférences et de networking  

Jeudi et vendredi, c’est l’espace professionnel que nous investissons. Avec ses drinks de networking et ses entretiens personnalisés, le KIKK connecte près de 2500 expert·es avides d’échanges qui troquent savoirs et cartes de visite dans un espace ouvert et convivial.  

Niveau conférences, nous devons faire un choix entre 42 intervenant·es internationaux·ales. C’est avec Gemma O’Brien que nous démarrons jeudi après-midi. Elle nous expose ses graphiques audacieux, ses lettrages illustratifs et ses peintures murales. Sur son compte Instagram, Gemma, alias MrsSeaves101, apprécie la nature et s’épanouit dans des projets d’envergure. Nous poursuivons avec Kirsty Jennings, productrice exécutive d’Anagram, un studio créatif anglais. La salle est absorbée par Goliath: Playing with Reality, une expérience de réalité virtuelle qui explore le parcours d’un individu atteint de schizophrénie confronté aux institutions psychiatriques. Amusé·es, nous enchaînons avec le spectacle/conférence popkitsch élaboré par Maywa Denki, le studio d’art dirigé par Novmichi Tosa, basé à Tokyo. Revêtu d’un uniforme singulier, l’artiste dévoile avec humour des instruments de musique électromécaniques qui suscitent l’hilarité générale du public… Parmi ses œuvres les plus emblématiques, citons l’Otamatone, lancé en 2010. Ce synthétiseur jouet électronique en forme de croche connaît un grand succès au Japon.

© Quentin Chevrier

Pro et grand public : un market innovant et un KIKK in Town qui s’étend

Vendredi, jour 2, après avoir navigué au cœur du Creative Village dans le chapiteau Place d’Armes et croisé de nombreuses nationalités (plus de 34 différentes sur place !), nous rejoignons les talks. Avec Henry Daubrez, nous explorons comment l’intelligence artificielle améliore le processus créatif. L’actuel CEO de Dogstudio nous décrit ses réalisations sublimées par l’IA, détaillant la subtilité du procédé qui les sous-tend. Malgré notre enthousiasme, le programme est riche et  il nous est impossible de tout voir. Nous concluons avec Špela Petrič, artiste slovène des nouveaux médias formée en sciences naturelles. Son expression artistique fusionne les pratiques biomédias et la performativité, créant des relations uniques entre les corps qui révèlent les fondements de nos sociétés (bio)technologiques et suggèrent des alternatives. 

© Quentin Chevrier

De retour sur le KIKK Market, une installation d’OVVO Studio, basé entre Paris et Montréal, nous captive. Elle explore l’effet papillon, mettant en lumière l’influence significative de chaque individu sur le système. Les visiteur·euses laissent une empreinte éphémère devant un capteur, suscitant une réflexion sur des thèmes tels que la vie et la mort. Parmi les acteurices belges exposant sur le Market, nous côtoyons le studio Minimètre qui développe des objets en impression 3D en optant exclusivement pour des matériaux biosourcés et biodégradables. 
En mode découverte, nous quittons le Market, direction le KIKK in Town, une exposition immersive du KIKK Festival qui s’étend à travers toute la ville, combinant des installations monumentales et interactives captivantes. Au Delta, on nous présente Almos Peled, un artiste multidisciplinaire de 26 ans basé aux Pays-Bas. Il y dévoile sa performance “Phantom Limb”, où il réinterprète la technologie médicale des ultrasons dans un contexte artistique. Peled aspire à développer des ateliers dans des hôpitaux pour les patient·es.

Les festivalier·ères soulignent la diversification du KIKK in Town, qui se déploie dans l’espace namurois. Au Grand manège, nous avons un coup de cœur pour ORA : Listening to our Dead (2023) de Laura Krsmanovic. ORA offre une expérience immersive, connectant les participant·es à l’au-delà avec des témoignages émouvants. L’interaction, via la cabine téléphonique ou les messages déposés dans une urne, ajoute une dimension participative à cette installation conceptuelle et esthétique. En cours de balade, nous plongeons dans l’immense salle de basket de l’Institut Saint-Louis, rue Pépin. Lové·es dans une obscurité enveloppante, nous admirons béat l’œuvre paysage d’Hicham Berrada. L’animation présente en grand format des paysages aquatiques créés chimiquement dans des bassins de verre. Installé·es confortablement, certain·es distinguent des visages, tandis que d’autres y voient des formes animales.

Ora : Listening to our Dead de l’artiste Laura Krsmanovic © Quentin Chevrier

Rendez-vous au sommet, direction le Pavillon avec CAPTURE #2

Au Pavillon, CAPTURE#2 dévoile les arts numériques en Belgique avec 20 artistes. “As we continue” de Pierre Coric nous accueille. Interactive mais passive, l’œuvre détecte froidement notre présence et comptabilise les promeneur·euses. Nous quittons l’entrée du Pavillon, pour prendre place dans un fauteuil de l’installation de Lawrence Malstaf. En quelques secondes, de mini-boules de polystyrène sont projetées par cinq ventilateurs dans un monumental cylindre transparent.  Au cœur du tourbillon, hypnotisé mais calme face à la rafale, le public est mis au défi de rester zen alors que l’environnement s’emballe. Plus loin, Vivien Roubaud et ses “Salsifis douteux” incitent les visiteur·euses à faire éclore une fleur dans une temporalité accélérée, 90 secondes. L’artiste questionne l’impact de la technologie sur le cours naturel du vivant. Incontournable, nous testons l’installation FromO (2023) du studio Superbe qui déconstruit un mot pour le reconstruire en 3 minutes 30. Visuellement, la machine produisant le son impressionne, comme un assemblage géant de cotons tiges en action. 

FromO (2023) du studio Superbe © Quentin Chevrier

Pour les curieux·ses retardataires, l’expo CAPTURE#2 est accessible jusqu’au 14 janvier 2024 ! 
De l’avis général, le KIKK est un festival conceptuel, captivant et inimitable. La fusion entre technologie et art élargit nos horizons. Le KIKK Market, dédié aux produits tech novateurs, a suscité un vif intérêt. En parallèle, le festival, avec son initiative KIKK ta carrière permet à des demandeur.euses d’emploi ou étudiant.es en fin de cycle, en recherche d’une (ré)orientation dans le secteur du digital, du gaming ou dans les nouveaux métiers du cinéma, de rencontrer des entreprises des industries créatives et culturelles. Nous apprécions ce rendez-vous artistique international qui grandit chaque année à Namur, offrant un éventail d’œuvres interactives. Une participante charmée souligne : “Éveiller nos sens nous connecte à la création”… Et vous ? Serez-vous de la partie en 2024 ?

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