Le vendredi, c’est weekly : un condensé de ce que l’équipe a vu, lu, écouté et a envie de vous partager.

Queerying nature

Être queer. Du terme anglosaxon “queer” signifiant “bizarre” qui a d’abord servi d’injure envers les hommes homosexuels. Vers la fin des années 1980, le terme revêt une portée politique pour les personnes des communautés LGBTQIA+. Iels se le réapproprient en un symbole d’auto-détermination face aux standards sociaux en matière de genre et de sexualité. Aujourd’hui, une personne qui se dit queer est quelqu’un·e qui n’adhère pas à la binarité des genres (féminin versus masculin) et des sexualités (hétérosexualité contre homosexualité). Et la nature elle-même est bien plus queer que nous, les humain·es.

C’est ce que souhaitait mettre en images Aline Magrez et Leonor Palmeira dans leur documentaire “Queerying nature”. À la base du projet, une rencontre entre la première, cinéaste bruxelloise en quête de déconstruction, et la seconde, biologiste fascinée de films d’animation qui a réalisé que les sciences aussi opéraient sous un biais construit et genré. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, plusieurs scientifiques étudient un monde animal constitué d’oiseaux homosexuels, de poissons transgenres, d’animaux non-binaires, de familles polyamoureuses…

Mêlant des tournages réalisés à Bruxelles, Hawaï, en passant par le New Jersey ou encore la France, ce documentaire d’un nouveau genre allie vulgarisation scientifique, récit poético-politique et images d’animation que l’on reconnait avoir été imaginées par la boite de production liégeoise Camera-etc. Bien loin des documentaires animaliers dans son approche et son esthétique, il entrelace les paroles de la philosophe Vinciane Despret, les artistes queer Camille Pier et Gwen Seemel, et de nombreux·euse biologistes et éthologues pour exploser l’idée d’une norme sexuelle ou de genre dans la nature.

Ainsi, les humain·es ne se rendent pas compte de la catégorisation qu’iels projettent sur la nature. À son époque, Darwin lui-même était inscrit dans une société victorienne, patriarcale et impérialiste de surcroît. Il n’était alors pas question qu’il imagine une théorie de l’évolution qui sorte de la dichotomie entre passivité féminine des femelles et dureté de la vie des grands mâles dominants. Intime et réflexif, “Queerying nature” s’interroge et nous invite à observer la sexodiversité chez les animaux. Car c’est surtout de là que nait la fameuse biodiversité dont on parle si souvent, de cet esprit queer que possèdent l’évolution et la nature. Il n’est pas uniquement question de diversité des gènes, mais aussi de diversité comportementale au cœur du royaume animal, y compris chez des espèces très figées comme l’humain.

À voir en salle, quelques projections en présence de l’équipe du film sont également prévues pour la rentrée. Rendez-vous sur passerelle.be/queeryingnature pour plus d’informations.

Pensez Printemps

On change radicalement de style pour s’immerger maintenant dans une fiction sonore drôle et sombre à la fois qui vient de sortir sur la plateforme de podcasts belge Radiola, et qui se fait la satire des mutations en cours dans le monde du travail. “Pensez Printemps”, c’est la nouvelle série radiophonique de Mehdi Bayad, un auteur-réalisateur belge bien connu dans le domaine de la création sonore, mais aussi du théâtre ou des webséries. Six épisodes d’une quinzaine de minutes teintés d’un humour noir et grinçant qui s’attaquent aux codes qui régissent nos modes de travail, mais aussi nos vies et nos comportements. Entre sidération et espoir, il faut certainement écouter cette création radiophonique avec beaucoup de second degré et un esprit critique. Chaque épisode aborde une thématique, comme l’embauche, le télétravail ou encore les violences au travail, et une série de comédien·nes jouent différents archétypes familiers, du/de la RH irrité·e au/à la travailleur·euse naïf·ve, le tout dans un univers très codifié.

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