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Gloomy Eyes : un univers à la Tim Burton et un studio belge à la manœuvre

Auteurice de l’article :

François Genette

Accro à l’actu, fan de la culture geek, aficionado de tech digitale et gamer acharné, François Genette est passionné par tout ce qui touche au numérique. Journaliste pendant près de 15 ans dans les grands médias nationaux et locaux, il utilise aujourd’hui sa plume pour partager ses découvertes venant des univers qu’il affectionne.

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Reprendre une œuvre vidéoludique à son compte est un exercice périlleux. Adapter cette dernière à un support différent est encore plus téméraire. Pourtant, c’est le choix qu’a fait Fishing Cactus. Le studio belge travaille sur Gloomy Eyes – The Game et les premières images sont particulièrement prometteuses.

Une lune brillante et bosselée émerge de la nuit noire. Sous elle, un étrange personnage vêtu d’un long chapeau noir creuse à l’aide de sa pelle dans un décor désolé. À son départ, la caméra passe sous la terre, en dessous d’une pierre tombale, où un petit garçon à l’allure spectrale ouvre de grands yeux jaunes.

C’est avec ce trailer aussi mystérieux qu’inspiré que Gloomy Eyes a été dévoilé au grand public. Le jeu, prévu – a priori – pour 2025, raconte les aventures de Gloomy, un petit enfant zombie, et de Nena, une jeune fille humaine. Ces dernier·es vivent dans un monde où le soleil a choisi de ne plus jamais se lever. Dans ces ténèbres persistantes, la mort elle-même a cessé de régner puisque les trépassé·es se sont éveillé·es de leur sommeil éternel alors que les vivant·es tentent désespérément de les chasser.

Une adaptation d’une expérience VR primée…

Gloomy Eyes – The Game est une adaptation d’une série primée sortie le 14 février 2020 et qui a fait parler d’elle pour plusieurs raisons. La première, c’est la qualité de son écriture, confiée aux Argentins Fernando Maldonado, Jorge Tereso et Santiago Amigorena (qui a notamment collaboré avec le réalisateur français Cédric Klapisch sur Le Péril Jeune et Ce qui nous lie). Mêlant mélancolie, poésie, douceur et profondeur, le récit narré par Colin Farrell pour la version anglaise et Tahar Rahim en français (excusez du peu) tournant autour du petit Gloomy et de sa compagne de route Nena est, de l’avis général, une magnifique ode à l’amour et à la différence.

La deuxième raison, c’est l’expérience proposée. Gloomy Eyes est une expérience VR basée sur la technologie 6 ddl (six degrés de liberté) qui permet au/à la joueur·euse de se déplacer sur 6 axes différents. Cette liberté, dans le cadre de la réalité virtuelle, apporte beaucoup à l’expérience vécue et permet de s’immerger encore plus dans l’univers dépeint. Et parlons-en de cet univers ! Gloomy Eyes est un superbe hommage à Tim Burton et particulièrement à son œuvre L’étrange Noël de Monsieur Jack. Les décors s’inspirent à la fois des techniques de stop motion et de personnages caricaturaux ressemblant à des poupées étranges, le tout éclairé par des jeux de lumière tout simplement magnifiques.

Courte (l’ensemble des 3 chapitres proposés se boucle en une petite demi-heure), Gloomy Eyes n’en est pas moins une merveille primée de très nombreuses fois, notamment au festival d’Annecy 2019, au SXSW 2019, à l’Infinity Cinéma 2019 et au festival NewImages 2019.

… Et donc particulièrement ambitieuse

Vous l’aurez compris, Fishing Cactus s’attaque ici à un fameux morceau. D’autant plus que le studio belge compte changer de point de vue. Fini la VR, Gloomy Eyes – The Game passe en mode 3D classique et dans un style « point and click ». Le but du/de la joueur·euse sera de résoudre des énigmes et des petits puzzles créatifs et ingénieux et d’interagir avec les différents protagonistes de ce monde étrange.

Le style, quant à lui, ne change pas. Les graphismes sont directement hérités du matériau original et au vu des premiers aperçus du jeu présentés, le tout reste aussi sublime même avec une caméra placée plus loin de l’action.

Une image contenant aquarium

Description générée automatiquement

L’histoire s’apparentera, elle aussi, au récit initial, mais il est fort à parier que cette dernière sera étendue et étoffée et c’est pour le mieux, tant la trame mérite d’être exploitée davantage

Pour s’assurer de ne pas nuire à l’œuvre initiale, le studio belge s’est entouré ni plus ni moins que des créateurices de Gloomy Eyes. Atlas V, 3Dar et Révolution travaillent donc aux côtés des développeur·euses et artistes belges, tandis qu’Arte, déjà éditeur de l’expérience VR, rempile dans le même rôle. De quoi donner à Fishing Cactus tout le loisir d’exprimer sa patte et ses qualités en termes de gameplay et de game design.

Fishing Cactus, valeur sûre issue du Borinage

Car évidemment, lorsqu’on parle de studio belge, on pense à Larian Studios (et encore davantage depuis la sortie de Baldur’s Gate 3), Fishing Cactus fait également partie des meubles en termes de création vidéoludique dans notre beau pays.

Fondé en 2008 par Bruno Urbain à Mons, le studio a réellement commencé ses activités en 2009. À cette époque, le but premier du studio était de grandir et de prospérer. Un challenge particulièrement difficile, tant le paysage belge ne se prêtait pas à la création de jeux vidéo. Fishing Cactus a donc pris son mal en patience, en travaillant pour des firmes telles que Samsung et pour des portages de licences plus ou moins connues. Une stratégie payante, puisque le studio est passé de 3 à 10 personnes en l’espace d’à peine deux ans avant d’atteindre jusqu’à 40 personnes les années suivantes.

En 2016, fort de sa croissance, Fishing Cactus réalise enfin ce pour quoi il a été créé : réaliser ses propres projets de jeux vidéo. Et pas n’importe lesquels, car le studio borain aime sortir des sentiers battus et s’essayer à des styles particulièrement exotiques. Parmi eux, un jeu a connu un très joli succès : Epistory : Typing Chronicles. Sorti en 2016, ce dernier suit les aventures de la Muse, héroïne chevauchant un renard, issue de l’imagination d’un écrivain. Le monde dans lequel elle déambule sur le dos d’un renard à trois queues est, au début de l’histoire, presque complètement vide. Tout est à écrire. Et ce dernier terme n’est pas métaphorique. Car dans Epistory : Typing Chronicles, vous devez littéralement taper les mots adéquats avec votre clavier pour pouvoir progresser dans l’histoire. Ajoutez à cela une direction artistique particulièrement inspirée et vous obtenez un jeu vidéo reconnu tant par la presse que par les streamers, et surtout par le grand public.

Et si ce succès est le plus grand qu’ait connu le studio montois, cela ne l’a pas empêché de sortir d’excellents jeux, dont notamment le très joli Nanotale, arrivé sur le marché en 2021.

Un futur hit ?

Fishing Cactus ne manque donc pas d’expérience et de savoir-faire. Et entouré de collaborateurices aussi talentueux·ses qu’Atlas V, 3Dar et Révolution, le studio pourrait bien sortir un joli petit bijou avec Gloomy Eyes. D’autant qu’Arte n’est pas n’importe quel éditeur de jeux. La plateforme culturelle européenne s’est lancée depuis plusieurs années dans un virage spectaculaire au niveau de la proposition de ses formats audiovisuels. 

Parmi eux, le jeu vidéo est particulièrement mis en avant. Son expérience et sa force de frappe pourraient donc bien permettre au studio belge de franchir un fameux cap et de, pourquoi pas, se faire connaître largement plus qu’il ne l’est actuellement chez nous… comme sur la scène internationale du jeu vidéo.

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