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Ces femmes fières qui redéfinissent l’empowerment

Auteurice de l’article :

Cassi Henaff

Cassi ou Cassiopée (pour les très intimes) \ nom propre : prénom féminin \ Synonyme : couteau suisse - Objet présentant des outils ingénieusement assemblés à un couteau pour tenir dans une poche et répondant à de multiples fonctions ; Femme un peu folle, passionnée par la combinaison de l’art et du numérique, pédagogue et féministe, engagée dans des projets porteurs de sens ; Animal qui n’a pas sa langue en poche ; Pile électrique qui ne sait pas choisir entre les burgers et les pizzas, qui marche beaucoup, mange beaucoup, rit beaucoup, et travaille beaucoup.

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Le 1er août 2024, kingkong rencontrait au détour d’un café Leïla Maidane, fondatrice de Femmes Fières. Ce hub numérique a été mis sur pied pour offrir aux femmes entrepreneures créatives un environnement accessible où elles peuvent acquérir les compétences nécessaires pour lancer leur entreprise et prospérer dans un monde en constante évolution.

On débarque dans un café de Bruxelles, où la vue sur les quais nous fait presque penser aux vacances à Copenhague. On pousse la porte en verre et sur la gauche, on aperçoit un grand sourire et un style unique. Il n’existait clairement pas de meilleure manière de commencer le mois d’août autrement qu’en rencontrant Leïla Maidane. Cette entrepreneure, passionnée de stratégie et d’innovation, a lancé Femmes Fières, un organisme qui soutient le développement des entreprises lancées par des femmes badass. “On les accompagne dans la montée en puissance de leurs compétences entrepreneuriales et digitales, afin qu’elles puissent justement avoir une meilleure méthode, une meilleure structure et une meilleure connaissance des outils. Elles deviennent donc plus autonomes, plus confiantes, de plus en plus indépendantes économiquement. Et puis, elles font partie d’un réseau et deviennent des exemples pour d’autres qui voudraient se lancer.”

Tapis berbère et gaufrier

Tout commence en 2017 au Maroc avec un bébé qui s’est presque imposé à Leïla. Elle y rencontre un tas de femmes aux talents multiples mais qui n’ont pas les compétences nécessaires pour lancer leur entreprise. Et donc, possiblement transformer ce qu’elles savent faire de leurs mains en un business viable qui pourrait financer les études des enfants ou les soins des plus âgé·es. “On a vu des femmes qui faisaient des tapis, de l’apiculture, de l’art. Elles me disaient ‘nous, on va au marché une fois par semaine mais on ne sait pas trop le prix à proposer.’ Alors finalement, on s’est dit qu’on allait leur apprendre comment faire un inventaire, calculer le prix de vente, le coût de production, la marge, etc. En sachant que la plupart ne savent ni écrire, ni lire. On s’est donc associées avec l’organisme d’entreprenariat féminin là-bas, Min Ajliki, et des formateurices pour parler dans le dialecte spécifique et traduire nos formations. On a commencé à vendre le miel dans le nord du Maroc et les tapis berbères en Belgique. Avec le COVID, elles ont fait preuve d’une grande agilité en développant un business de location de matériel pour le mariage avec des tentes, des sièges, etc. Elles trouvent toujours plein d’idées. Ça cartonne !

100% pratique, no bullshit

En 2019, elle revient avec le projet par ici. Aujourd’hui, “Femmes fières” s’adresse donc à des femmes qui ont déjà un projet ou une activité. “Au départ, on était plutôt sur un public de création d’entreprise, des femmes qui étaient vraiment dans les prémices de leur projet. En 2024, on s’est rendu compte que ce n’est pas avec ce public qu’on a le plus d’impact. On accompagne des femmes qui ont déjà eu le déclic. Que tu aies un statut ou pas, ça, on s’en fiche. Mais en tout cas, tu as déjà passé le cap, tu veux passer au prochain niveau et on peut t’y aider avec le digital et des bases d’entrepreneuriat.

Il n’y a qu’à celles et ceux qui ne font rien qu’il n’arrive rien.

Leïla, il suffit de 10 minutes avec elle pour comprendre qu’elle est de la team badass qui aime les projets concrets. Femmes fières, c’est avant tout de la pratique ! Sa devise : “Il n’y a qu’à celles et ceux qui ne font rien qu’il n’arrive rien”. Autant vous dire que les services de Femmes Fières sont donc très cohérents : “D’abord, on donne des programmes de formation. On a un bootcamp de 12 semaines en ligne en toute autonomie (EntreprenHER). On va donc parcourir tous les axes de l’entreprise en 12 modules et leur fournir tous les outils nécessaires pour leur business. On a aussi une communauté liée à ce bootcamp. C’est un groupe WhatsApp sur lequel elles peuvent échanger, se rencontrer, avancer ensemble et se poser des questions. Ensuite, pour celles qui ont leurs premiers revenus et qui souhaitent croître, on propose des formations plus courtes et plus spécifiques comme l’utilisation de ChatGPT pour rédiger leurs offres d’emploi, leur comm sur les réseaux sociaux, apprendre à pitcher, etc. Et puis, on a un listing de formations qu’on peut donner ou adapter à des programmes de formations déjà existants. Technocité ou Art&Public nous ont demandé de créer des modules de formation autour de la création d’entreprise en lien avec leur public”.

Des badass comme exemples

Chaque event, chaque sous-projet, chaque formation de Femmes Fières s’entend dans l’acquisition de compétences hyper tangibles (hard ou soft). C’est une réelle volonté assumée et claire de Leïla afin de valoriser les femmes et les rendre fières. Pour ne citer qu’un exemple, le 8 mars 2024, Femmes Fières proposait sa “Pitches and Cream” party  – on adoooore ce titre. Cette journée entièrement dédiée à l’art du pitch s’articulait autour de 3 moments : un atelier pour découvrir les fondamentaux du pitch, un atelier pour maîtriser la communication non verbale et enfin, une pitch party pour tester les compétences acquises lors de ces workshops. “Notre volonté, c’est de pouvoir les faire monter en puissance sur des compétences humaines, en plus des compétences digitales et entrepreneuriales de base. Elles vont alors pouvoir gagner en assertivité, mieux s’exprimer dans l’espace public et donc, booster les messages d’investissement en soi.” 

Femmes Fières est un projet qui se veut engagé : des femmes entrepreneures, avec des parcours pro et perso très différents, deviennent des mentors pour celles qui se lancent. Et ainsi de suite. C’est un peu l’effet boule de neige : les badass soutenues par Femmes Fières deviennent elles-mêmes des exemples pour les suivantes. La fierté, terme qui a mauvaise connotation dans notre langue française (Caractère de quelqu’un qui se croit supérieur aux autres ; morgue, arrogance, hauteur – berk) prend ici une autre dimension : la fierté est liée à la reconnaissance des femmes, dans leurs valeurs, leurs traits de personnalité, leurs réalisations. Pour reprendre sa place dans la société et sur le marché de l’emploi, elles doivent développer une estime d’elles-mêmes et une légitimité dans leur projet et leur expertise.

Accessible à toutes

Toute femme qui veut créer une entreprise viable doit pouvoir le faire. C’est ainsi que Femmes Fières vise premièrement à augmenter la mobilité économique des femmes grâce à la technologie, deuxièmement, à promouvoir l’ascenseur social via l’entrepreneuriat et la création de son propre emploi et dernièrement, à soutenir une meilleure inclusion dans le domaine de la tech et du numérique, qui est encore aujourd’hui genré “masculin”. “Ce qu’on remarque avec notre expérience, c’est que les femmes se lancent par passion parce qu’il y a quelque chose qu’elles adorent faire. Mais elles ne savent pas comment avoir des revenus qui émanent de ce hobby. Ce qui est un peu le contraire de l’approche masculine où les hommes vont vouloir faire de l’argent. Nous, les femmes, on fait quelque chose qui nous tient à cœur mais on ne sait pas comment transformer cette activité en un business viable. Et c’est là, où on rentre en compte. On les accompagne avec des outils et la stratégie nécessaire pour s’émanciper, et ne pas faire du bénévolat jusqu’à la fin de leur vie. J’ai rencontré tellement de femmes qui font du boulot gratos. Elles ne savent pas comment demander, combien demander, et même si elles sont légitimes de demander un petit billet. Ça commence à bien faire cette histoire.” 

Les prochaines dates clés de Femmes Fières, c’est le 10 octobre à Technocité pour une formation autour de l’IA, le 12 octobre au Bounce Back Festival et enfin, en novembre (date à déterminer), au jury du concours de pitch pour les participantes du GirlsConnect.

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