Commercialiser des vélos haut-de-gamme avec un cadre en bois, c’est le pari que se lance Simon Malvaux, quand il réalise le sien dans son garage il y a deux ans. Les délais interminables dans les commandes de matériel causés par la crise sanitaire lui font réaliser à quel point l’industrie du vélo est dépendante de l’Asie. Passionné de bois, il décide de trouver une solution en construisant son vélo à partir de matériaux belges. Le concept de Zafi Cycles est né.

Simon Malvaux a 26 ans. Sa passion pour le cyclisme naît lors d’un tour de l’Amérique Latine à vélo avec des amis. L’entrepreneuriat n’a jamais vraiment été dans ses plans. Son projet prenant de l’ampleur, il devient le premier dans sa famille proche à lancer son business. “Je pensais d’abord développer Zafi à mi-temps, en prenant un job “alimentaire” à côté comme sécurité, confie-t-il. Mais j’ai vite réalisé que si je voulais vraiment développer cette activité, je devais m’y mettre à plein-temps.” Il se laisse donc trois ans pour tester son produit et s’assurer que son business est fiable.

Deux ans plus tard, Zafi s’agrandit. “Quand on lance un projet comme ça, on touche à tellement de domaines différents… C’est ça qui me plaît. Au fur et à mesure, j’ai réalisé qu’il y avait certaines tâches que je maîtrisais moins, au niveau administratif et financier. C’est important de s’entourer de bonnes personnes qui ont des compétences complémentaires aux nôtres.”

Simon s’associe à Servais de Meeûs, ami d’enfance qui l’accompagne dans le développement de la stratégie marketing de Zafi. Il peut alors passer plus de temps dans la production des cadres de vélo et se concentrer sur la recherche et le développement de nouveaux produits.

Pourquoi le bois ?

Les vélos traditionnels sont typiquement fabriqués à partir d’aluminium, d’acier ou de carbone, ce dernier étant favorisé en raison de son poids léger. Mais lorsque ces matériaux prennent inévitablement des coups, ils vont soit plier, soit se briser. L’avantage du bois, c’est qu’il est capable d’encaisser sans casser. Il va aussi absorber naturellement une partie des vibrations, pour un ressenti beaucoup plus confortable pour lae cycliste.

Les cadres des vélos Zafi sont faits de noyer ou de frêne, deux essences de bois qui ont déjà fait leurs preuves dans le milieu du sport. Un tronc d’arbre permet ainsi de découper 30 cadres de vélos. Le noyer provient d’une scierie familiale à Florennes, dans la province de Namur, tandis que le frêne vient de la forêt de Soignes. Pour celui-là, l’entreprise travaille avec Sonian Wood Coop, une organisation dont la mission est de relocaliser intelligemment la transformation du bois de la forêt de Soignes. “Mais nous pouvons travailler avec d’autres bois à la demande”, précise Servais de Meeûs. Ils ont ainsi déjà réalisé un vélo à partir d’un noyer qui se trouvait au fond du jardin de leur client.

Un vélo qui ne craint pas les intempéries de la Belgique

Évidemment, utiliser du bois pour un objet qui est destiné à passer beaucoup de temps en extérieur tend à susciter des questionnements quant à sa fragilité face aux éléments et à sa durée de vie. “C’est une crainte qui revient souvent, confirme Servais en souriant, mais il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter. Nos vélos ne nécessitent rien d’autre qu’un entretien classique.”

Avant d’être installé au reste du vélo, le cadre en bois est traité et un vernis similaire à celui utilisé sur les coques des bateaux est apposé. En ce qui concerne l’entretien, il suffit de laver son vélo après utilisation comme on le ferait normalement. Il ne faut évidemment pas le laisser dans une cabane humide durant l’hiver, ce qui abîmerait à la longue n’importe quel objet fait de bois, comme de métal.

Pour le reste des pièces, Zafi Cycles utilise les composants haut-de-gamme des vélos traditionnels, que lae client·e peut sélectionner à la carte. En matière de provenance des produits, c’est à cette étape de la production des vélos que l’entreprise se heurte aux réalités de l’industrie. “On réalise qu’à ce niveau-là, l’industrie du vélo est fortement dépendante de l’Asie et des États-Unis, admet Servais. Il existe cependant des marques qui produisent à l’échelle européenne et on essaye donc d’encourager nos client·es à choisir dans ces composants-là.”

Le choix du sur-mesure

Les vélos Zafi sont entièrement personnalisables. Les cadres peuvent être découpés sur-mesure pour être adaptés à la morphologie, mais aussi aux envies du client en termes de confort ou d’usage, par exemple. Lorsqu’on se rend sur le site, on trouve trois packs de base dont les composants varient du moins au plus haut-de-gamme, mais on peut décider de ne pas se tenir à un pack tout fait et choisir chaque composant individuellement.

Zafi Cycles propose une expérience client·e unique en son genre. Lors de la première rencontre avec l’équipe dans le cadre de la commande d’un vélo, iel sera invité·e à rencontrer un·e kinésithérapeute sportif·ve spécialisé à l’occasion d’un bike fit afin qu’iel analyse leur position sur le vélo. “Sur base de ces résultats et des besoins spécifiques de la personne, nous pourrons dessiner un cadre adapté”, explique Servais. Cette analyse permet aussi de déterminer les meilleurs composants pour la morphologie de la personne et l’usage qui sera fait du vélo.

Une fois que tous les composants choisis et le cadre découpé, le vélo est assemblé et lae client·e est invité·e une nouvelle fois à la boutique pour un second bike fit, afin d’assurer un réglage sur-mesure du vélo.

Et pour combien ?

Avec tout cela en tête, il est évident que les vélos Zafi s’adressent à une clientèle passionnée de cyclisme et en recherche d’un objet aussi beau que performant. En conséquence, cette qualité et ce service ont un certain prix, qui peut varier grandement en fonction de la quantité de personnalisation et de sur-mesure que l’on désire. “Nos tarifs commencent à 5.500€ HTVA, pour un vélo pour lequel on aurait choisi l’essence de bois, et un cadre standard, déjà dessiné, précise Servais. Évidemment, plus on personnalise le vélo, plus les prix vont monter en parallèle. En fonction du projet de la personne, on peut aller jusqu’à 20.000€.”

L’ambition de Simon pour Zafi Cycles est de créer des vélos sur-mesure d’exception pour les client·es, beaux mais surtout fonctionnels et performants. Enfin, il veut montrer qu’il est possible de le faire avec des produits locaux. Ainsi, la marque s’adresse aux passionné·es, aux aventurier·ères, et à toustes celleux qui trouvent du sens dans la démarche écoresponsable et locale dans laquelle elle s’inscrit.

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