Weekly ※ vendredi 13.01.23
Auteurice de l’article :
Le vendredi, c’est weekly : un condensé de ce que l’équipe a vu, lu, écouté et a envie de vous partager.
Princesse X
Lors d’une escapade lyonnaise, nous avons posé les yeux sur une œuvre audiovisuelle diffusée au Musée d’Art Contemporain de Lyon dans le cadre de la biennale. Un court-métrage bousculant intitulé “A Brief History of Princess X“, réalisé par l’Américain Gabriel Abrantes. En voix off, il y raconte le destin de “Princesse X”, une sculpture en bronze poli créée par Constantin Brancusi en 1916 qui devait à la base se faire le portrait de la princesse Marie Bonaparte. Exactement, l’arrière-petite-nièce du premier empereur des Français. Autrice et psychanalyste, l’apport de Marie Bonaparte dans la découverte et l’étude scientifique du clitoris chez la femme fait d’elle une véritable précurseure du sujet pour l’époque. On dit même que sa richesse a contribué à la popularité de la psychanalyse et a permis à Sigmund Freud, dont elle était très proche, d’échapper à l’Allemagne nazie.
Pour beaucoup, la sculpture à la forme phallique et futuriste ne ressemble qu’à un vibromasseur chromé géant. Une esthétique qui serait à l’origine de sa dégringolade dans les oublis. Mais il y a beaucoup plus à dire sur cette “Princesse X”. Marie Bonaparte commande ce buste à son effigie, mais sa relation avec l’artiste sculpteur n’est pas au beau fixe et peu à peu, le style de Brancusi évolue vers des formes plus épurées. Il se rapproche du mouvement Dada et des cubistes. Pour Brancusi, c’est la révélation : “Le but de mon art est avant tout la recherche de la réalité intérieure cachée”, affirme-t-il. Mais pour l’époque, l’abstraction et surtout la représentation phallique restent un scandale dans le monde de l’art qui s’offusque et lui refuse toute exposition. En 1917, on lui propose quand même d’exposer à New-York, mais son œuvre reste indifférente aux yeux du grand public et se voit éclipsée par un étrange urinoir créé la même année par un certain Marcel Duchamp…
Si vous voulez ressortir cette anecdote à vos ami·es devant l’oeuvre, sachez que « Princesse X » est aujourd’hui conservée de l’autre côté de l’atlantique, au Philadelphia Museum of Art.
Viendra le temps du feu
On vient de terminer “Viendra le temps du feu” (Éditions Cambourakis), l’avant-dernier bouquin de Wendy Delorme. On en a pas mal (re)parlé suite au passage de l’autrice dans l’émission “La grande librairie”. Dystopie écoféministe à placer entre “1984″ et les écrits de Margaret Atwood, ce roman choral (où la même histoire est racontée par plusieurs narrateurices, ndlr) résonne tout particulièrement avec notre monde contemporain. L’intrigue n’est située ni géographiquement ni temporellement, mais on comprend assez vite qu’il s’agit d’une projection de notre société dans quelques centaines d’années.
Terriblement actuelles et sensibles, les voix de cinq personnages s’entrecroisent dans de courts chapitres pour décrire une société totalitaire aux frontières closes, bordée d’un fleuve qui sépare la ville et les vestiges d’un monde ancien où une communauté de résistantes inspirées des “Guérillères” de Monique Wittig survivent. Le réchauffement climatique est concret, la littérature et le savoir n’existent plus que sous forme de divertissement, les souvenirs d’un monde regretté s’effacent peu à peu mais les aspirations de la population résistent, subversives.
Captée à la Maison de la Poésie, à Paris, Wendy Delorme proposait d’ailleurs une mise en scène et en son de plusieurs extraits du livre.
Lichens GO!
Vous avez déjà toustes vu du lichen se développer sur les arbres ? Pire, vous avez peut-être déjà Googlé “Comment se débarrasser du lichen qui pousse sur mon toit ?”. Ces organismes entre champignons et algues sont pourtant précieux et de très bons candidats pour mesurer la pollution de l’air de nos villes. Les lichens se nourrissent en effet exclusivement d’éléments provenant de l’atmosphère, polluants inclus. Pour s’attaquer à la pollution de l’air, quatrième cause mondiale de mortalité, il faut d’abord pouvoir identifier et quantifier les sources de ces polluants. Outre les méthodes de mesure traditionnelles, certains organismes présents dans notre environnement et sensibles aux polluants – scientifiquement appelés bioindicateurs – peuvent nous aider. C’est ce que deux chercheurs de l’UCLouvain tentent de mettre en place au travers du projet Lichens Go!
Le peu de données collectées en Wallonie et à Bruxelles reste un frein dans la compréhension de la pollution de l’air en milieu urbain. Pour améliorer ces résultats, les chercheurs ont opté pour l’approche des sciences participatives et invitent les citoyen·nes à devenir acteurices de la recherche. Une première conférence de présentation se tient au Quai 10, à Charleroi, le 24 janvier. Ensuite, trois ateliers s’organisent à Namur, Louvain-la-Neuve et Bruxelles pour que tout le monde puisse apprendre à reconnaître les différentes espèces de lichens de son quartier et à appliquer le protocole de relevé des mesures. Pour s’inscrire, ça se passe sur www.sciences.be/lichens-go.
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