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Portrait 7 minutes de lecture

Victorien Loriers, le vidéaste devenu entrepreneur

Auteurice de l’article :

Julie Mouvet
Journaliste

À ses heures perdues - pendant que d'autres perdent des journées devant Netflix - Julie, elle, lit, écrit des articles, enregistre des podcasts, monte des vidéos... Un condensé de discipline et de passion qui font d'elle l'ennemi jurée de tout procrastinateurice du dimanche ! Depuis quelques mois, elle a rencontré son binôme rêvé pour co-gérer le média kingkong.

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Victorien Loriers a 18 ans lorsqu’il fonde sa propre société, VLR Films. Depuis 5 ans, il met son désir de création vidéo au service de ses clients. Retour sur le parcours de ce jeune entrepreneur passionné de vidéo depuis… ses 12 ans.

Intéressé par les technologies, et avec un papa actif dans l’informatique, Victorien Loriers a son premier ordinateur très tôt. Rapidement inscrit sur les réseaux sociaux, il se berce de vidéos YouTube et se confronte à l’image. À 12 ans, il reçoit sa première GoPro. “C’était mon cadeau de Noël. J’ai commencé à filmer un peu, sans but précis. On est parti au ski et j’ai fait une vidéo. Le résultat était très chouette. Je l’ai postée sur YouTube, j’ai envoyé le lien à tout le monde. Je me suis rendu compte que plein de gens trouvaient ça bien, il y avait vraiment un intérêt.” En deuxième secondaire, en voyage scolaire en Alsace, il réalise une vidéo par jour, qu’il publie aussi sur YouTube. “C’est arrivé dans la boîte mail du directeur qui en a mise une dans la newsletter envoyée aux parents. Ensuite, à chaque événement organisé par l’école, il me demandait de faire une vidéo. C’est là que je me suis rendu compte que je savais faire quelque chose dont les gens avaient besoin. Pourquoi ne pas le transformer en petit service plutôt que d’avoir un job étudiant à la boulangerie du coin ?”

À 14 ans, Victorien crée ses différents profils sur les réseaux sociaux et poste de plus en plus. Sa visibilité se développe rapidement. “En 2014, il n’y avait pas beaucoup de vidéos, et encore moins sur Namur. Du côté de Dinant ou Ciney, il y avait Cyprien Delire, Louis Colmant. Mais à Namur, j’étais le seul. Ça a été très facile de se faire une place et d’avoir de la visibilité.”

En quatrième secondaire, il change d’école et suit une option audiovisuelle à l’IATA. “Mes parents m’ont toujours dit : tu détestes l’école, peut-être que si tu as 6 heures qui t’intéressent dans tes cours, tu prendras un peu plus de plaisir à y aller. Ils avaient totalement raison.” La seule condition ? Que Victorien termine ses études secondaires.

J’avais un deal avec la direction qui
me laissait des jours de congé de temps
en temps pour faire des tournages.

Victorien Loriers

Cette passion, le jeune vidéaste ne pense alors pas encore en faire un métier. Pourtant, il a déjà une vision entrepreneuriale. Tout l’argent gagné par la vidéo est réinvesti dans du matériel de qualité supérieure. Lors de ses études à l’IATA, son projet se développe. “J’avais un deal avec la direction qui me laissait des jours de congé de temps en temps pour faire des tournages.” En sortant de l’école, le dilemme : aller à l’université… ou se lancer ? “La question ne s’est pas posée très longtemps. Je travaillais pour une agence de communication en tant qu’étudiant. Début juillet, elle me contacte et me propose un contrat.” Victorien accepte… et reste finalement 6 mois dans l’entreprise. “Je ne me suis pas senti à ma place dans le salariat. Mais cette expérience m’a appris énormément sur le secteur. Le petit jeune qui fait des vidéos pour le plaisir est devenu celui qui fait des vidéos commerciales, en suivant les exigences de son agence.” Le 26 avril 2018, date qu’il n’oubliera pas, Victorien se lance en tant qu’indépendant. 

Ses six mois dans le salariat lui ont fait comprendre que ce modèle ne lui convenait pas. Horaires fixes, directives… l’entrepreneur ne pourrait plus revenir en arrière. “C’est une grande liberté de pouvoir faire ce que je veux quand j’en ai envie, de gérer mes horaires. C’est plus compliqué au niveau autodiscipline. Il y a aussi l’inconfort de la rentabilité, de devoir faire du chiffre, de savoir si ça va perdurer dans le temps. Mais à l’heure actuelle, je trouve qu’il y a plus de pour que de contre.” Ce qui l’a aidé ? Le peu de risque que cela impliquait. “Mes parents m’ont toujours poussé à me lancer parce que de toute façon, j’étais chez eux. Je n’avais pas de crédit, pas d’enfant… rien à perdre.”

“Sortir de ma zone de confort”

Parmi ses projets, beaucoup de corporate… et de mariages. Un domaine qu’il a exploré très tôt, à 15 ans. La sœur de son meilleur ami a fait appel à ses services, c’est comme ça que tout a démarré. Mais Victorien ne se ferme aucune porte. “L’événementiel reste une grosse partie de mon activité. Je m’y sens à l’aise parce que c’est un domaine que je connais très bien. Mais ce n’est pas un secteur qui me challenge. Si je ne faisais que de l’événementiel, je n’évoluerais pas. Les projets qui m’éclatent sont ceux où je peux sortir de ma zone de confort et aller un peu plus loin, même si je me prends souvent la tête.” Ce dont il a aussi besoin, c’est de reconnaissance. “Un projet dont je suis fier, c’est celui où j’ai beaucoup de retours, où le client est content, où je vois que ça a marché. J’ai l’impression que mon moteur, c’est la reconnaissance, même au-delà de l’aspect financier.”

Les Solidarités 2018 – Aftermovie

Parmi eux, il y a notamment l’aftermovie des Solidarités. “C’était un peu mythique. C’est la première fois que j’ai été confronté à un projet qui touche autant de monde. Un fameux tremplin en termes d’expérience.” Récemment, il a aussi réalisé l’aftermovie du KIKK Festival. L’un de ses client·es coup de cœur, c’est Botanical by Alfonse, un bar à cocktails namurois. “Ce sont même devenus des ami·es. On a déjà fait plusieurs projets ensemble et c’est toujours très chouette.”

Victorien Loriers en tournage aux Solidarités © Killian Jouffroy

Il y a quelques années,Victorien a aussi réalisé un documentaire sur la résidence du groupe Winter Woods, au Delta. Un format qu’il aimerait reproduire à l’avenir. “J’ai toujours été attiré par des projets qui vont susciter de l’émotion. Pour cela, il faut prendre le temps de rentrer dans le sujet, ce que j’ai rarement avec l’événementiel ou le corporate qui sont des formats très courts. Pourquoi ne pas un jour me lancer dans un tel projet, mais pas tout seul ? Avec quelqu’un·e qui viendrait m’épauler et me guider dans ce côté journalistique/storytelling.”

Winter Woods en résidence au Demlt

La création de contenu

En plus de son métier de vidéaste, Victorien Loriers est aussi créateur de contenu. Suivi par plus de 11.000 personnes sur Instagram, il a commencé par poster ce qu’il réalisait. “J’ai très vite compris que pour avoir des client·es, il fallait se montrer. C’est un conseil que je donne toujours. Il ne faut pas avoir peur de mettre en avant ses projets. Pendant une courte période, je publiais des photos de shooting. Un contenu qui fonctionnait très bien. C’est comme ça que ça s’est développé.” Et puis, un concours change tout. “Je faisais des photos pour un logement. Les propriétaires m’ont demandé si je voulais faire gagner une nuit sur mon Insta. Je n’étais pas vraiment dans cette optique de promo. Et puis, je me suis dit que ça pouvait me faire gagner en visibilité. J’ai gagné 3.000 abonné·es en deux semaines.” Suite à cela, Victorien développe encore son compte, obtient plus de visibilité et commence les collaborations. 

Aujourd’hui, l’entrepreneur distincte beaucoup son compte Instagram de son métier de vidéaste. Ses client·es, c’est principalement via le bouche-à-oreille. “C’est très chouette parce que je n’ai jamais dû démarcher. Tout s’est fait grâce à des client·es content·es qui en ont parlé autour d’eux.” S’il continue de créer de contenu, c’est surtout pour vivre des expériences et saisir de nouvelles opportunités. “Voyager, découvrir des choses, rencontrer du monde. Je ne cherche pas à remplir mon agenda pro avec mon Insta. Je suis convaincu que la plupart de ce que j’ai vécu à l’heure actuelle, c’est principalement grâce à ça.”

Les bureaux de Victorien Loriers sont au TRAKK, à Namur. Après deux ans à bosser de chez lui, il sentait le besoin de s’installer ailleurs. “Ce qui me dérangeait beaucoup, c’est que j’avais deux mètres entre mon ordinateur et mon lit. Je me réveillais et passais derrière l’ordinateur. Je ne faisais que bosser. Mes parents me voyaient deux heures par jour alors qu’on vivait dans la même maison. J’ai commencé à très mal dormir et j’ai mis ça sur le fait que j’avais trop d’ordinateurs autour de moi. Je suis tombé sur le TRAKK via une publication Facebook sponsorisée.” Il décide alors de prendre un bureau avec un ami. Sur place, on lui présente un photographe, Thomas Léonard, qui cherchait aussi à partager un espace. “Ma révélation professionnelle. C’est lui qui m’a appris le plus de choses dans ce milieu, sur la relation client, la gestion de projet, l’organisation.”

S’associer, engager, déléguer ?

Après 5 ans dans le secteur, Victorien arrive dans une impasse. “Mes journées sont trop courtes, j’ai envie de faire plus, mais je n’ai pas le temps. Soit je me contente de ce que j’ai, et en soi, c’est très bien parce que j’en suis content, soit j’essaie d’évoluer en sachant que ça va m’amener des contraintes et plus de stress.” Son dilemme : engager ou non. “Je l’ai déjà fait par le passé, mais ce n’était pas le profil dont j’avais besoin pour développer mon activité.” L’entrepreneur a le sentiment de ne pas avoir la maturité nécessaire pour ajouter quelqu’un·e dans l’équation. “J’ai un très mauvais esprit d’équipe. Petit, quand je faisais du sport, j’étais très perso, je n’ai jamais été bon en sport collectif. Je crois que ça se ressent beaucoup dans ma vie pro parce que j’ai beaucoup de mal à déléguer. J’ai besoin de tout valider. Le temps que je voulais me dégager en sous-traitant, je le perdais à tout contrôler. Dans les mois à venir, je voudrais relâcher la pression et me dire que ce n’est pas grave si ce n’est pas exactement ce que j’avais en tête.”

“Traumatisé par les gens qui font le même métier toute leur vie”, Victorien Loriers ne sait pas s’il fera encore de la vidéo dans 5 ans. “Je suis convaincu qu’il y a encore plein de choses que je peux apprendre et développer.” D’autant que la vidéo lui a permis de découvrir sa passion pour l’entreprenariat. “Cela m’excite à fond d’avoir un projet entrepreneurial. N’importe quel projet qui se lancera par la suite, ce sera en tant qu’indépendant.” Passionné par un métier dans lequel il ne se destinait pas (on ne vous a pas dit mais en fait, il est daltonien), Victorien a tout de même peur de trop “brûler les étapes”. “J’ai encore envie de le faire, mais j’ai 23 ans. J’ai tellement de pression sur les épaules. Je stresse aussi de ne pas vivre ma vie comme quelqu’un·e de mon âge.”

Pour écouter Victorien Loriers parler de son parcours, voici l’épisode de Compose auquel il a participé.

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