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Article 5 minutes de lecture

kingkong est accessible en low carbon et ce n’est pas du greenwashing

Auteurice de l’article :

Julie Mouvet
Journaliste

À ses heures perdues - pendant que d'autres perdent des journées devant Netflix - Julie, elle, lit, écrit des articles, enregistre des podcasts, monte des vidéos... Un condensé de discipline et de passion qui font d'elle l'ennemi jurée de tout procrastinateurice du dimanche ! Depuis quelques mois, elle a rencontré son binôme rêvé pour co-gérer le média kingkong.

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Vous pouvez le voir dès votre arrivée sur le site. kingkong peut être visité en version low carbon. Mais concrètement, comment ça fonctionne ? Et cela a-t-il réellement un impact sur votre consommation en CO2 ?

La création d’un site internet émet une consommation en énergie. Cela va donc avoir un impact sur l’environnement. Pour réduire l’impact de cette consommation, différentes solutions existent. On peut relier les serveurs à des sources de production renouvelables, compenser les émissions CO2 émises via le financement de projets capturant du CO2, mais également réduire la consommation à la base, via du contenu moins énergivore en requêtes serveurs. Comment avoir une logique vraiment durable pour un site internet ? Nous avons posé la question à Benoit Rolin, co-founder et manager de MOJO Agency, qui a développé kingkong.

On parle d’une industrie qui pollue
davantage que l’aérien.

Benoit Rolin, co-founder et manager de MOJO Agency

Premier élément, attention au terme utilisé. “Cela dépend de ce qu’on entend par durable, explique Benoit Rolin. Mais en tout cas, on va diminuer une émission de CO2 à un autre endroit de la planète qui correspond au montant émis par le site qu’on va mettre en place.” Un site internet consomme de l’énergie et émet du CO2 car il y a des requêtes vers des serveurs et ce sont ces requêtes qui consomment. “Au plus on va demander d’informations aux serveurs, avec par exemple un site qui propose du contenu à haute consommation comme de la vidéo, au plus une consommation est émise.”

Dès le début du développement de kingkong, MOJO Agency a donc eu cette réflexion quant à la consommation en CO2. “On parle de numérique avec kingkong, d’innovation, de faire les choses différemment… Pourquoi ne pas twister le concept du site aussi autour d’une sensibilisation au low carbon. On on avait envie que les deux mondes coexistent ensemble. Avec une version classique, bright, avec plein d’effets sympas, un design alléchant, des couleurs, du contenu interactif. Mais c’est intéressant aussi de proposer aux utilisateurices de basculer dans une lecture beaucoup plus sobre, en noir et blanc, du site internet.”

Le numérique pire que l’aérien

Aujourd’hui, selon une étude publiée dans la revue Patterns, entre 2,1% et 3,9% des émissions globales émises sur la planète sont liées au numérique. Cela inclut les sites internet, les téléphones, ordinateurs et télévisions, mais aussi la technologie derrière les datacenters, le bitcoin, etc. “On parle d’une industrie qui pollue plus que l’aérien (2,5%), souligne Benoit Rolin. On pointe à chaque fois l’avion, mais il serait intéressant de commencer à se poser des questions sur l’impact qu’a le numérique dans nos vies quotidiennes.” En moyenne, un site web produit 6,8 grammes de CO2 par page vue. Cela paraît peu, mais quand on fait le calcul à l’année, cela signifie qu’un site web avec 10.000 pages vues par mois produirait 816kg de CO2 par an. 

Concrètement, comment diminuer la consommation d’un site comme kingkong ? D’abord, par le basculement dans un univers sombre, en deux couleurs, sur fond noir. Cela permet aux appareils qui lisent le site internet, smartphone, tablette ou ordinateur, de moins consommer d’énergie parce qu’il y a moins de lumière. Cela dépend évidemment du type d’écran (LED, LCD, AMOLED, etc.) “L’utilisation d’un fond d’écran noir permet effectivement de réduire la consommation de batterie et d’améliorer l’autonomie de l’appareil en utilisation. Le basculement carbone, c’est aussi compresser de manière presque artistique toutes les photos. Le format évoque un peu le système bitmap, avec des points, des pixels. On va lire l’image comme si c’était du pointillisme noir et blanc.” Pour que cela fonctionne, MOJO Agency a développé deux systèmes de données différents. Et vous, il suffira que vous switchiez d’une version à l’autre.

Un autre élément important est d’améliorer le code du site internet. “Qu’il soit clean, qu’il n’y ait pas de données qui trainent, qui pèsent bêtement, que des éléments soient inutiles. Il faut rendre le code plus performant.” En low carbon, les vidéos seront d’ailleurs inaccessibles, dû à leur trop grande consommation. “Est-ce qu’au final, il ne vaut pas mieux communiquer de manière sobre, donc avec moins d’émissions de communication, mais augmenter la qualité des communiqués pour arriver vers une sobriété numérique ?”, questionne Benoit. Cette sobriété numérique, on la retrouve poussée à l’extrême sur le site de la Musk Foundation. Mais bon, cela ne compense pas les voyages spatiaux et le reste. Bref.

Enfin, le serveur utilisé est important. “On a choisi Infomaniak, un serveur suisse qui utilise de l’énergie verte pour composer 200% de ses émissions et a une vraie culture d’entreprise responsable. Une page web en moyenne aujourd’hui consomme 4 fois plus qu’en 2010. Ça veut dire que depuis plus de dix ans, la tendance a été sur plus de poids, plus de visuels, plus de qualité d’affichage, plus de vidéos. On est dans une phase où on explose notre consommation numérique.”

Compenser son empreinte carbone à l’échelle de chaque citoyen

Un Belge va émettre en moyenne 16 à 20 tonnes de CO2 par an par sa propre activité personnelle. Chacun·e peut compenser son empreinte carbone, via des outils comme Greentripper développé par CO2Logic. Greentripper permet à toustes celleux qui apprécient la beauté de la nature de calculer l’empreinte CO2 de leur voyage, de tester des alternatives à un moyen de transport polluant et d’agir concrètement en soutenant leurs projets pour le climat.

Pour MOJO Agency, développer ce genre de projet est important. L’agence travaille en effet uniquement pour des organismes qui ont un intérêt pour des domaines qui sont à impact positif : la culture, l’art, l’environnement, la société. “On aimerait aussi développer beaucoup plus d’effort en interne. Ce projet kingkong nous a fait prendre conscience qu’on doit réenvisager la manière dont on travaille sur nos propres outils.” L’équipe utilise du matériel reconditionné, privilégie les transports en commun et compense une partie de ses émissions d’agence via le développement de plusieurs forêts avec l’outil tree-nation. “On a d’ailleurs planté cette année pour le lancement du site kingkong une première forêt de 50 arbres au Népal. Celle-ci absorbera plus de 40 tonnes de CO2 en 20 ans. Un début bien évidemment, et on espère que le projet investira chaque année dans plus de projets de reforestation.” Il est d’ailleurs possible de visiter cette “forêt kingkong” en cliquant sur le badge Net Zero Website dans le footer du site internet.

De son côté, MOJO Agency souhaite compenser ses émissions pour toutes ses activités. “On parle des trajets qu’on effectue, mais aussi de calculer notre consommation par an, électricité, chauffage, appareils internes de l’agence.” MOJO Agency estime qu’une taxe carbone devrait même être mise en place sur tout ce que les citoyen·nes font.

La consommation d’énergie du numérique augmente en moyenne de 9% par an. La démarche derrière le projet kingkong suit donc le principe d’éco-conception du web. Un mouvement qui nous semble encore trop peu répandu. Mais comme dans toute démarche, chaque petit geste compte. Et le numérique, comme tous les secteurs d’activité, doit agir en faveur du climat.

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