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Le KIKK IN TOWN, un parcours d’art à l’échelle d’une ville

Auteurice de l’article :

Juliette Maes

Diplômée d’un Master en Presse et Informations à l’IHECS en 2020, Juliette a fait ses premiers pas en journalisme au ELLE Belgique, pour qui elle écrit toujours aujourd’hui. Touchée par les sujets féministes et sociaux, elle s’intéresse entre autres à l’entrepreneuriat féminin, à l’inclusivité et à la transition écologique. Professionnellement, Juliette a la bougeotte. À côté du journalisme, elle est photographe et vidéaste, notamment pour Badger Production, une boîte bruxelloise experte en storytelling d’entreprise.

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Namur se transforme en un musée à ciel ouvert : du 24 au 27 octobre, sillonnez la ville à la découverte d’installations d’art numérique.

Le KIKK Festival revient à Namur pour la treizième édition. Durant quatre jours, il invitera les participant·es à redécouvrir la capitale de la Wallonie dans un cadre unique en Belgique et d’envergure internationale. L’événement, ouvert à toustes, propose un parcours d’art qui s’étend dans toute la ville, un espace d’exposition, des innovations technologiques, des conférences, des workshops pour adultes, des soirées et des ateliers à destination d’un jeune public. 

Au sein du KIKK Festival, le KIKK IN TOWN est un parcours d’art numérique qui se déroule dans différents lieux emblématiques de Namur, dont certains sont généralement fermés au public. Le parcours s’organise autour de deux thématiques principales qui questionnent notre relation au numérique, ainsi que l’impact, les opportunités et les limites de l’IA. Au travers de 60 œuvres, petit·es et grand·es pourront apprendre et interagir dans une ambiance créative et ludique dans laquelle l’art et le numérique se rencontrent. 

TRUE/FALSE

Cette année, le thème du KIKK Festival est TRUE/FALSE. Un clin d’œil à la syntaxe du code, explique Marie du Chastel, la co-directrice de l’association KIKK, et programmatrice du KIKK Festival, “quand on code, le langage nous indique des choses comme “1 = true” ou “0 = false”. C’est du langage de programmation qui se rapporte au code binaire du numérique, le 1 ou le 0.”

La thématique explore l’idée de ce qui est vrai ou faux et comment différencier le vrai du faux à l’ère ultra-technologique de l’intelligence artificielle. Ce premier pan tourne donc autour de l’IA générative. Elle questionne son impact sur les métiers créatifs et sa capacité à répliquer notre monde, à répondre à nos requêtes par le biais d’algorithmes. 

EMI – Ethen Lilienfeld

Un deuxième pan de la thématique se concentre sur la réalité que nous construisons à travers les réseaux sociaux sur notre image personnelle. “Le thème TRUE/FALSE s’intéresse à cette économie de l’attention et la société de self-marketing dans laquelle nous évoluons, décrit Marie du Chastel, une image qui n’est pas toujours entièrement représentative de qui on est en réalité.”

Enfin, le dernier pan touche à nos sens par le biais d’illusions et d’œuvres qui jouent avec notre perception. Ces trois thématiques sont abordées à travers 30 œuvres à découvrir au sein du KIKK IN TOWN.

Questionner sa relation au réel et sa perception du monde

L’œuvre Transformirror, créée par Kyle McDonald et Daito Manabe est certainement une incontournable du parcours d’art. À découvrir à l’institut Saint-Louis, ce projet est une étude préliminaire sur la conversion d’image à image en temps réel par intelligence artificielle, grâce à une caméra installée dans la salle de l’exposition. Les images sont accompagnées d’une bande sonore, elle aussi créée en temps réel par l’IA. Celle-ci se nourrit des mouvements des visiteur·euses pour générer le contenu, sans avoir reçu de guide au préalable pour interpréter les images. Le tout se présente comme une sorte d’hallucination, avec des scènes parfois absurdes et éclectiques, incontrôlables et incontrôlées. “C’est un projet fascinant car il est à la pointe de la technologie en termes d’intelligence artificielle, explique Marie du Chastel. Il y a encore un an, la technologie n’était pas assez avancée que pour générer de la vidéo sur base de l’analyse de formes et mouvements en temps réel.” 

Transformirror – Kyle McDonald et Daito Manabe

Un peu plus loin dans le parcours, à la Maison du conte, on retrouve le travail de Ief Spincemaille. L’artiste belge crée depuis le début de sa carrière des objets qui jouent avec notre perception du monde grâce à des illusions d’optique. Ses créations se présentent comme des casques ou des lunettes qui, portée, influencent la perception du monde en face de soi. Ainsi, Reverse Blinking inverse le processus du clignement des yeux, créant une expérience durant laquelle on ne voit que lorsque les volets du casque s’ouvrent, le temps d’un clignement d’œil.

Un autre casque, Looking Through Fire, est muni de deux briquets placés devant les yeux qui permettent de voir le monde à travers deux flammes, tandis que Visual Feedback inverse la vue de l’œil droit et l’œil gauche avec des miroirs. Kiss Me est un masque comportant un miroir qui se place devant le visage. La personne qui le porte est ensuite invitée à embrasser une personne, mais lorsqu’iel le fait, c’est son propre reflet qu’iel voit en train de l’embrasser en retour. 

Au Cavema – Grand Manège, l’installation SUB, créée par l’artiste Kurt Hentschläger, plonge les visiteur·euses dans le noir complet. L’obscurité absolue est rompue, par intervalles et pendant quelques secondes seulement, par des éclats de lumière animée. Lorsque le noir se fait à nouveau, la rétine garde des images fantômatiques rémanantes qui s’estompent lentement jusqu’au prochain moment de lumière. Avant de rentrer, les téléphones et appareils émetteurs de lumière doivent être laissés au personnel, afin d’éviter toute pollution lumineuse à l’intérieur de l’installation. 

SUB – Kurt Hentschläger, photo © Bruno Klomfar

Selon l’emplacement de chacun·e dans l’espace, les impressions visuelles et sonores varient. Certain·es voient alors des images en couleur, là ou d’autres discernent du blanc et du noir. Après un moment, les images se superposent, donnant à certains l’impression d’halluciner, et chacun vit une expérience unique. Dans SUB, la notion d’espace et la perception du temps sont modifiées, pour une expérience complètement immersive. 

Le KIKK Festival, pour qui ? 

Le KIKK s’adresse à toustes, peu importe leur âge. Les adeptes du numérique, les familles, les curieux·ses qui veulent découvrir des œuvres venant du monde entier. 

“Le KIKK Festival explore les liens entre art, science, technologie et société, décrit Marie du Chastel. Il permet de découvrir ce que les artistes créent lorsqu’iels s’approprient des outils différents, de montrer la créativité qui peut en naître. Ce qui nous intéresse, c’est de voir comment les artistes transcrivent les innovations à travers leur art.” 

Dans cette veine, la programmation a été pensée pour un public familial et éclectique. “L’objectif du KIKK Festival est de démystifier l’effet boîte noire des technologies en montrant des œuvres qui sont interactives, fun, accessibles et compréhensibles par un jeune public, assure Marie du Chastel. J’ai donc sélectionné des œuvres qui peuvent être appréhendées par des enfants en très bas âge. À partir de 6 ans, iels pourront les comprendre assez facilement. S’iels sont plus jeunes, iels pourront tout de même en profiter, sans devoir forcément en comprendre le sens.” Lors d’un parcours à travers la ville, les visiteur·euses auront l’opportunité de découvrir des installations monumentales, des expériences en réalité virtuelle, des dispositifs immersifs, des vidéos captivantes et des œuvres tant contemplatives que critiques. Un événement ludique et stimulant adapté à toustes à faire seul·e ou à plusieurs du 24 au 27 octobre. 

C’est une manière de visiter la ville
sous un autre jour.

Le KIKK FESTIVAL se présente aussi comme une opportunité pour découvrir la ville de Namur d’une nouvelle façon car – comme on vous le disait plus haut – le parcours d’art du KIKK IN TOWN sera installé dans des espaces habituellement inaccessibles au grand public. “Cette année, par exemple, il y a l’ancien hospice d’Harscamp, un bâtiment magnifique dans lequel il y aura une œuvre qui matérialise les ondes électromagnétiques par un nuage de fumée, cite Marie du Chastel. C’est un lieu qui est actuellement vide et fermé au public et qu’on investit cette année. C’est une manière de visiter la ville sous un autre jour.”

L’hospice d’Harscamp n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le parcours d’expositions se fera aussi dans des bâtiments publics ou même une école, qui pourront ainsi être découverts en même temps que les œuvres. 

Infos pratiques

Quand ? Du 24 au 27 octobre de 10h à 18h. 

Quoi ? 60 œuvres à découvrir. Parcours adapté aux enfants.

Combien ? 5 € par personne et gratuit pour les moins de 16 ans. Achetez vos tickets ici.

Où ? Dans différents lieux emblématiques de Namur.

Comment y accéder ? Partenariat avec la SNCB pour des billets de train à prix réduits.

Le petit plus : 

Une Nocturne gratuite est organisée le vendredi 25 octobre jusqu’à 22h avec l’ouverture de 4 lieux phares accessibles gratuitement pour tout le monde ainsi qu’un apéro visuel et musical Place d’Armes. 
Retrouvez tous les infos sur www.kikk.be/expo.

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