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Green Bank, happy place des technophobes

Auteurice de l’article :

Julie Peustjens
Copywriter

Julie, on pourrait d’abord parler de son humour tranchant et décalé. Mais derrière lui se cache un grand professionnalisme et beaucoup de détermination. Pendant plusieurs années, elle a fait de la gestion de projet digital chez Dogstudio et laniche. Aujourd’hui, elle co-gère avec aisance le média kingkong. Telle une grande cheffe, Julie rédige des contenus avec une plume épicée qui est lui propre, au plus grand bonheur des lecteurices affamée·es.

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Green Bank, petite bourgade de Virginie-Occidentale, Etats-Unis d’Amérique : 143 habitants au dernier recensement et pas une onde électromagnétique dans un périmètre de 33.000 km².

À Green Bank, c’est silence radio. Vous aurez plus de chance d’entendre les vaches meugler qu’un téléphone sonner. Dans ce hameau, pas un téléphone sans fil, pas une connexion internet, pas une radio, le moindre appareil qui requiert une technologie sans fil est défendu. En 1958, le gouvernement fédéral a décrété ce village ainsi que ses alentours comme “National Radio Quiet Zone” suite à l’installation de plusieurs radiotéléscopes, dont le plus grand téléscope orientable du monde, sur le territoire de l’Observatoire de Green Bank.

Un vulnérable colosse

Doté d’une parabole de 91 mètres de diamètre et oeuvrant à une hauteur de 150 mètres, ce géant de fer, qui traque jour et nuit le moindre chuchotement provenant de l’espace, se veut également très sensible. La moindre onde, qu’elle provienne d’un smartphone ou d’une voiture un peu trop moderne, et la tâche de ce mastodonte de technologie est mise à mal.

C’est le radiotéléscope le plus sensible au monde… Nous pouvons observer la naissance et la mort des étoiles.

Michael Holstine, Business Manager au National Radio Astronomy Laboratory

Un astre distant dans le cosmos émet un signal d’un milliardième d’un milliardième de milliardième de watt. En comparaison, un téléphone portable émet 2 watt. Par conséquent, un smartphone pourrait, à lui seul, brouiller complètement les signaux que les astronomes cherchent à intercepter.

Attention, quiconque ne respectant pas les règles peut recevoir une amende de la part des “patrouilles sonores”.

Green Bank
©Paul Kranzler & Andrew Phelps

La Mecque des technophobes

Si pour certain·es, la simple idée de ne plus avoir accès aux internets le temps d’une journée leur donne des bouffées de chaleur, pour d’autres, c’est le paradis sur terre. Depuis plus de 60 ans, Green Bank est devenu un havre de paix pour les personnes atteintes d’hypersensibilité électromagnétique (EHS). Une maladie peu connue, causée par l’exposition à des champs électromagnétiques ou à des ondes électromagnétiques qui, en échange, offre tout un tas de joyeusetés : maux de tête, nausées, insomnies, troubles cardiaques, douleurs articulaires, on en passe et des meilleurs. Green Bank est également un lieu militant pour tous les technophobes, ces personnes qui s’opposent à l’utilisation des technologies modernes.

Venir à Green Bank a été un choc culturel. Si vous voulez des Starbucks et du shopping en centre commercial, vous ne survivrez pas ici. Je n’ai pas le choix. C’est vivre ici ou avoir des migraines. Ici, je peux avoir une vie, je peux inviter des amis.

Diane Schou, habitante du village depuis 2007 et électro-sensible

À Green Bank, le temps s’écoule différemment et le village n’a quasiment pas changé depuis des décennies. Les souffrant·es et les activistes de ce nuisible invisible vivent à leur rythme dans ce refuge à ciel ouvert, hors des problématiques liées aux nouvelles technologies.

©Paul Kranzler & Andrew Phelps
©Paul Kranzler & Andrew Phelps

Une maladie connue mais pas reconnue

L’hypersensibilité électromagnétique suscite une inquiétude grandissante dans un monde où règne une course effrénée à l’hyperconnectivité et à l’hypertechnologie. Malgré le fait que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) reconnaisse les symptômes liés à l’hypersensibilité électromagnétique et considère qu’ils sont réels, elle refuse cependant d’établir un lien de causalité entre les symptômes. L’OMS emploie donc le terme “intolérance” plutôt que “maladie” ou “infirmité”.

En Belgique, des professionnel·les de la santé se sont réuni·es autour de ce sujet et ont créé le mouvement Hippocrates Electrosmog Appeal Belgium afin de sensibiliser les gouvernements à cette problématique. Cet appel à la prudence a pour objectif de protéger la population quant à l’exposition répétée aux champs électromagétiques artificiels (type radiofréquence, micro-ondes) provenant des technologies sans fil (smartphones, Wifi, Bluetooth, etc.) On vous dit ça, on ne vous dit rien…

PS : Vous avez déjà vu comment agissent les fourmis autour d’un smartphone ? Voilà.

L’Eldorado de la quiétude

Notre choix est fait, on a fait nos valises, direction Green Bank. Ciao Instagram, goodbye les carbo’ au micro-onde en retrant de soirée, adios la procrastination devant Netflix et tot ziens les Airpods.

C’est pour rire. Enfin, on rit jaune là.

Il y a d’autres solutions pour reprendre le contrôle de sa vie numérique.

”La vie, c’est comme la mayonnaise. Tout est une question de dosage.”

On vous laisse méditer là-dessus.

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