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Quand Google te permet de voir les sons et écouter les peintures

Auteurice de l’article :

Cassi Henaff

Cassi ou Cassiopée (pour les très intimes) \ nom propre : prénom féminin \ Synonyme : couteau suisse - Objet présentant des outils ingénieusement assemblés à un couteau pour tenir dans une poche et répondant à de multiples fonctions ; Femme un peu folle, passionnée par la combinaison de l’art et du numérique, pédagogue et féministe, engagée dans des projets porteurs de sens ; Animal qui n’a pas sa langue en poche ; Pile électrique qui ne sait pas choisir entre les burgers et les pizzas, qui marche beaucoup, mange beaucoup, rit beaucoup, et travaille beaucoup.

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À ses débuts en 2011, le Google Art Project permettait de visiter virtuellement 17 musées dans le monde. Aujourd’hui, en 2023, le projet s’est développé, a changé de nom et compte plus de 2000 lieux culturels partenaires (musées, archives, sites du patrimoine et matrimoine mondiaux, communautés locales, etc.). Une nouvelle manière d’interagir avec la culture numérique, tant dans sa découverte, sa médiation que dans sa conservation. Zoom sur Google Arts & Culture.

Avec kingkong, on est plutôt de celleux qui se nourrissent de l’art et de la culture en direct : musées, expositions, évènements, rencontres. On aime d’une part l’effervescence des foules avides de savoirs et d’autre part, le silence religieux devant une œuvre énigmatique. On vous laisse donc imaginer le désespoir de 2020 devant les portes closes des lieux culturels chers à nos cœurs. Alors, si matter un film sur Netflix n’a rien avoir avec l’expérience vécue dans un cinéma, on avait quand même une offre audiovisuelle fournie pour combler nos manques (et les magasins ouverts pour s’acheter du popcorn à faire exploser au micro-onde). 

C’est donc à cette période qu’on a découvert un concept hyper innovant : Google Arts & Culture. Bien entendu, à ce moment, l’outil en ligne était vendu très simplement comme pour « faire entrer les musées dans vos salons. » On pouvait ainsi en 2-3 clics visiter des lieux fermés pour COVID, qu’ils soient plus ou moins proches de notre domicile (le musée d’Orsay à Paris vs. le MoMa à New York). Le concept tenait donc ses promesses. Et pour ne rien vous cacher, on faisait presque plus de sorties culturelles online qu’en période dite normale. Jamais, on ne se serait déplacé jusque Houston pour voir le «Museum of Fine Arts » et pourtant, les collections y sont riches et fabuleuses. 

Google Arts & Culture nous a offert donc 

  • Une facilité d’espace-temps : l’aller-retour Bruxelles-New York qui te prend 1 minute 30 quand ta connexion wifi rame
  • Une facilité financière : on connait toustes la phrase « si c’est gratuit, c’est que t’es le produit ». On pourrait discuter de ça pendant des heures mais il n’empêche qu’avoir accès à cet outil sans débourser un kopeck (d’entrée et de déplacement) a plutôt joué en sa faveur.
  • Une facilité intellectuelle: toute la médiation culturelle, c’est-à-dire, les explications, les interviews et les cartels d’œuvres étaient traduites en français. Un plaisir. 

Au sortir de cette période, on a repris bon train la routine du boulot, les sorties entre potes et le besoin essentiel de dormir. Mais, on n’a pas abandonné cette plateforme parce qu’elle avait vraiment suscité notre curiosité. On a donc été creuser beaucoup plus loin. 
Déjà, LA BASE : pour y accéder, il suffit de se rendre sur https://artsandculture.google.com. On peut soit passer par ce lien, soit via l’application dispo sur IOS ou Android. Et si le design de ces plateformes s’adaptent aux nouveautés du marché, il n’en reste pas moins que les bases restent les mêmes. La plateforme s’organise donc autour de 3 grands verbes : explorer, jouer et visiter.

Explorer

Explorer, découvrir, s’informer, se cultiver, apprendre

Cette catégorie nous permet surtout de découvrir l’art et la culture au sens très large.  Vous pouvez filtrer vos recherches par type d’art, par artiste, par zone géographique, par périodes historiques, par support, par mouvement artistique, par thème, par collection, et même selon votre couleur préférée. L’application vous offre ainsi un panel d’œuvres colorées au fil des siècles. C’est complètement subjuguant. On a d’ailleurs fait l’exercice avec le mauve, notre couleur adorée et bien qu’on pensait ce ton évincé des formes artistiques, baaaah, clairement, on se trompait.

Dans cet exemple, il suffit de cliquer sur n’importe quelle œuvre pour avoir accès à un cartel informatif (on a, au minimum, toujours l’auteurice, le support, le titre, la technique et la date) et explicatif (dans certains cas). 

Une offre “à proximité” (qui vous géolocalise évidemment) vous pointe sur une carte les espaces culturels partenaires proches de votre position géographique.

Jouer

Jouer, tester, expérimenter, créer

Grands enfants dans l’âme, c’est sûrement la partie qu’on a préféré dans la découverte de cette plateforme (et croyez-nous, on a plongé dedans, tête baissée pendant quelques heures… jours… voilà). 

Comme beaucoup, on a commencé par l’art selfie. Vous vous demandez ce que c’est ? On y répond. L’application permet de se prendre en photo, en selfie. Jusque là rien de dingue. Et grâce à une analyse des visages, elle fait correspondre votre faciès à celui d’œuvres d’art. Hormis l’aspect ludique du jeu, la plateforme renvoie évidemment vers des explications du tableau et le mouvement artistique auquel il appartient. 

On ressemble donc à 65% à Millicent Watson peinte par George Romney et à 62% à l’oeuvre “Rittrato di Palma Bucarelli” d’Alberto Savinio.

Bien entendu, Google Arts & Culture est truffé de petits quizzs et petits sondages qui rendent l’expérience dynamique et hyper engageante pour l’utilisateurice. 

Mais on voulait surtout vous parler d’un jeu qui nous a complètement retourné, d’où le titre de cet article. Dans cet océan d’activités intuitives et expérientielles, c’est “Play a Kandinsky” qu’on a décidé de vous mettre en avant. Vous le savez peut-être (ou pas) mais cet artiste est doté du don de synesthésie. Google nous l’explique d’ailleurs très bien : il s’agit d’un phénomène neurologique involontaire par lequel une personne perçoit plusieurs sens comme étant associés. Dans le cas de Kandinsky, le sens de l’audition est associé à celui de la vue, sons et couleurs étant intimement liés dans son esprit. Il peut ainsi « voir la musique ». Et c’est cette faculté spécifique qui le mène à tenter de transcrire en peinture les sons et la musique : il glisse ainsi vers le mouvement abstrait.

A partir de ces connaissances, la plateforme vous permet de vivre l’expérience du son lié aux couleurs et aux formes. Pour y parvenir, Google Arts & Culture a mis en place un petit parcours initiatique. L’étape 1 permet de comprendre le concept de synesthésie et de faire écouter des sons en fonction des couleurs qui se succèdent les unes après les autres. L’étape 2 vous fait entendre des bruits d’instruments en les associant à des formes peintes et à des émotions ressenties. On entend donc que le rouge est un violon et qu’il représente l’agitation, le jaune est une trompette éffrontée et le bleu est un orgue lourd et assommant. 

Étape 1
Étape 2

L’étape 3 offre la possibilité d’écouter le célèbre tableau “jaune-rouge-bleu” de kadinsky. Absolument dingue. 

Étape 3

Et enfin, l’étape ultime permet de faire vivre vos propres émotions dans le tableau. Il vous suffit de sélectionner vos sensations du jour (énergique et en vie pour ma part). 

Bon, vu qu’on doit se limiter dans le nombre de caractères, on pourrait encore vous proposer une autre expérience : celle de peindre avec de la musique. En quelques lignes, il vous suffit de choisir l’environnement sonore dans lequel vous voulez exercer (le sous-marin, c’est notre pref) et puis de laisser libre cours à votre créativité en dessinant sur votre écran, grâce aux mouvements de votre souris. Petite astuce, vous pouvez choisir votre instrument de musique en bas, à gauche de l’écran. Et puis, à la fin, ça peut donner ça : https://g.co/arts/h7ENcCS8b9zYRDkU7 (on n’a jamais dit qu’on était Beethoven). 

Visiter

Visiter, déambuler, analyser

C’est dans cette catégorie qu’on voit tout l’intérêt de lier le numérique à la culture. Comme on vous l’a dit au tout début, Google Arts & Culture permet surtout de visiter des musées et des expositions. Gros coup de coeur pour les espaces d’exposition modélisés en 3D comme ici ou ici.  

Plus connu, Google Street View offre aussi la possibilité de se déplacer devant des monuments incroyables comme les temples Prambanan en Indonésie ou les Grandes Pyramides d’Egypte. C’est jamais la même chose qu’en vrai, mais ça en jette quand même. 

Mais, ce dont on veut vous parler, c’est surtout l’art caméra qui nous permet de coller notre nez aux œuvres d’art sans risquer de se faire choper par le gardien ou la gardienne parce qu’on approche de trop près le tableau. 

L’art caméra est un appareil photo robotisé qui prend des centaines de clichés en gros plan et en haute résolution. Une fois toutes ces prises dans la boite, un logiciel de montage permet de tout coller ensemble, pour créer une image fabuleuse dans laquelle on peut se glisser et y voir les moindres détails. Ce sont des milliers de tableaux en 2023 qui sont numérisés et accessibles sur la plateforme (avec, de nouveau, une belle médiation culturelle qui rend l’art accessible à toutes et à tous). Prenez comme exemple le port de Rotterdam de Paul Signac. Il vous suffit de zoomer pour découvrir le coup de pinceau de l’artiste et comprendre comment les bases du mouvement impressionniste. 

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