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Article 4 minutes de lecture

Créativité numérique : comment garder nos talents sur le territoire européen ?

Auteurice de l’article :

Julie Mouvet
Journaliste

À ses heures perdues - pendant que d'autres perdent des journées devant Netflix - Julie, elle, lit, écrit des articles, enregistre des podcasts, monte des vidéos... Un condensé de discipline et de passion qui font d'elle l'ennemi jurée de tout procrastinateurice du dimanche ! Depuis quelques mois, elle a rencontré son binôme rêvé pour co-gérer le média kingkong.

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La Belgique, la France, et l’Europe de manière plus globale, regorgent de talents dans le secteur de la créativité numérique. Pourtant, beaucoup décident de se former et/ou de travailler hors Europe. Comment les convaincre de rester ? Voici quelques pistes de réflexion.

Regardez autour de vous, de la créativité, il y en a partout. Mais est-elle réellement mise en valeur en Europe, en France, en Belgique ? Et qu’en est-il de la créativité numérique, ce secteur encore plus spécialisé ? Une vraie mine d’or nous entoure et de nombreux talents y gravitent. Malheureusement, force est de constater que bon nombre de nos créatifs prennent la fuite vers d’autres contrées, telles que les Etats-Unis ou le Canada. Des pays qui ont compris la valeur économique de cette créativité. Dès lors, comment arriver à développer cette même vision sur notre territoire ? 

Rappelons d’abord ce que l’on entend par créativité numérique. Il s’agit de toute création ou processus de création utilisant une composante numérique comme support pour se réaliser. Elle touche à la fois les secteurs artistiques, technologiques et entrepreneuriaux, englobant par exemple le design, le creative coding, la 3D, la photo, la vidéo, l’écriture, le motion design, le jeu vidéo, la VR, etc. La créativité numérique, c’est une manière d’envisager le monde différemment et de créer de la valeur. Maintenant, les pistes de réflexion.

Faire le constat de cette mine d’or et la valoriser. Si les entreprises les plus puissantes au monde ont compris la valeur ajoutée de la créativité numérique depuis des années déjà, beaucoup n’ont pas encore saisi son importance. Les secteurs de la culture et de la créativité font face à un réel problème de valorisation et souffrent de ce manque de reconnaissance. Le constat est là, ces domaines sont actuellement toujours perçus comme secondaires voire tertiaires. Et ce changement de mentalité ne peut s’effectuer que si les acteurs principaux et les décideurs y participent.

Mettre en avant des success stories et des role models. Il faut rendre visible publiquement ce qui se fait au niveau de la culture numérique, montrer que ces projets sont possibles et expliquer leur construction. Comment ? En identifiant des personnes modèles au niveau national, international et en faire des portes-paroles. Il serait également intéressant de mettre en lumière la capacité d’adaptation et de flexibilité des personnes qui gravitent dans le secteur de la créativité numérique. Ce sont en effet souvent des petites sociétés qui s’associent sur de gros projets à un instant T. Deux facteurs de réussite dans ce secteur sont en effet le réseau et la collaboration.

Observer est une des premières sources de création.

Inspirer. Ces role models dont on parlait ci-dessus peuvent inspirer et insuffler l’envie de créer. Observer est une des premières sources de création. C’est en rassemblant les gens au sein de cet écosystème, en ajoutant des maillons à ce réseau, qu’on réussira à pousser le développement de cette communauté et qu’on lui permettra d’être encore plus créative.

Faire grandir la taille des projets, notamment par leur internationalisation. Mais pour ça, plus besoin d’être installé dans une grande ville. Un écosystème vertueux peut être créé n’importe où. L’enjeu principal du secteur des ICC aujourd’hui, c’est la mobilité et la connexion. Si une personne parle anglais, elle peut travailler pour le monde entier, tout en restant sur son propre territoire. D’autant plus que dans ces métiers créatifs, l’outil de travail est l’ordinateur. Il faut donc oser faire le pas vers l’internationalisation, ce qui peut encore faire peur à certains.

Des lieux. Il faut des espaces alternatifs, de création, des lieux qui provoquent la rétention des cerveaux. On y retrouverait des porteurs de projets, des citoyens, des industriels… pour qu’y naissent des rencontres et de la créativité. Une des faiblesses des Industries culturelles et créatives, c’est qu’elles arrivent difficilement à sortir de leur zone de création. Celleux qui en font partie sont plus intéressé·es par le fait de créer des choses, plutôt que de les diffuser. Il faut créer de la porosité entre ces communautés de créatif·ves et le grand public. 

Du financement. Plusieurs pistes sont possibles. Des personnes qui croient à des projets créatifs particuliers pourraient par exemple les financer. Cela pourrait passer par une plus grande ouverture à des partenariats public et privé et à l’implication d’entreprises privées dans ce modèle de soutien. Pourquoi ne pas s’inspirer aussi du modèle américain ? Plus d’entreprises privées financent l’éducation, des programmes de formation… Et puis, s’il y avait plus d’avantages fiscaux pour les sociétés à soutenir ce genre d’initiatives, beaucoup plus de boîtes investiraient dans ces programmes. Cela permettrait aussi d’avoir moins de lourdeur administrative, plus de possibilités et de flexibilité. 

Enseigner. Enfin, pour avoir des créatif·ves, il faut créer des talents. L’enseignement belge propose très peu de choses au niveau numérique. Pour étudier dans ce domaine, il faut partir à l’étranger… à condition d’en avoir les moyens. Et même après les études, il faut continuer à se former car dans le secteur du numérique, tout évolue très vite. Il est certain que d’un point de vue formatif, la Belgique peut encore se retrousser les manches afin d’offrir des bases et des accompagnements solides et inspirants à nos talents.

Ce constat de départ, le KIKK le titre depuis 10 ans maintenant. L’association crée des ponts entre les mondes de l’art, des sciences et des technologies. Et mène ce travail de reconnaissance et de valorisation des créatif·ves. Chaque année, elle organise le KIKK Festival, un festival international des cultures numériques et créatives au cœur de Namur rassemblant quelque 35.000 personnes de plus de 50 pays différents. 

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