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Portrait 4 minutes de lecture

DEMAIN, la couveuse d’artistes qui démocratise le monde de l’art

Auteurice de l’article :

Juliette Maes

Diplômée d’un Master en Presse et Informations à l’IHECS en 2020, Juliette a fait ses premiers pas en journalisme au ELLE Belgique, pour qui elle écrit toujours aujourd’hui. Touchée par les sujets féministes et sociaux, elle s’intéresse entre autres à l’entrepreneuriat féminin, à l’inclusivité et à la transition écologique. Professionnellement, Juliette a la bougeotte. À côté du journalisme, elle est photographe et vidéaste, notamment pour Badger Production, une boîte bruxelloise experte en storytelling d’entreprise.

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Que l’on soit un·e artiste débutant·e ou un·e amateurice d’art, le milieu artistique est connu pour son étanchéité. À moins de posséder des fonds importants ou de profiter d’un réseau étendu, il est difficile de le pénétrer. Deux Gantoises, Florence Derck & Diane van Impe, ont voulu changer la donne en créant une structure pour accompagner les artistes et promouvoir un art de qualité à un prix abordable.

Passionnée d’art contemporain, Florence suit des études de gestion avant de faire ses débuts dans le milieu chez Christie’s, une maison d’art londonienne. Elle retourne ensuite à Bruxelles pour travailler dans une galerie américaine.

De son côté, Diane étudie le droit. Après plusieurs stages dans des cabinets d’avocat qui ne lui conviennent pas, elle décide d’écouter sa passion et de se lancer elle aussi dans une carrière artistique. “Je n’ai jamais regardé derrière moi,” confirme-t-elle en souriant. Comme sa cofondatrice, Diane travaille un temps chez Christie’s, puis au WIELS, centre d’art contemporain bruxellois, dans lequel elle est encore aujourd’hui à mi-temps.

Une réponse à un milieu de l’art trop opaque

C’est durant la crise sanitaire, alors qu’elles étaient voisines, que leur projet a pris forme. “Pendant la pandémie, le secteur culturel a beaucoup souffert, se rappelle Diane. Autour de nous, notre réseau commençait à investir. Notamment dans l’immobilier, mais on remarquait aussi une volonté de commencer à acheter de l’art, sans savoir par où commencer. On s’est dit qu’on pouvait faire quelque chose.”

© DEMAIN x Wedocumentart
© DEMAIN x Wedocumentart

Diane et Florence ne voulaient pas ouvrir une galerie, car elles trouvent ces structures trop opaques et inaccessibles. À la place, elles souhaitent proposer un service qui fait le lien entre l’artiste et lae client·e. “En une semaine, on a un compte Instagram, un logo créé par une amie, dix artistes intéressé·es de travailler avec nous et on lance DEMAIN,” explique Diane avec un sourire. DEMAIN, c’est le futur, une notion positive et pleine d’espoir pour les artistes qui, Florence et Diane l’espèrent, profiteront demain d’une notoriété.

DEMAIN s’adresse autant aux artistes qu’aux acheteur·euses et propose trois services. Le premier consiste à apporter un soutien aux jeunes artistes qui se lancent dans le milieu, notamment en leur apportant visibilité et aide financière, en leur faisant profiter de leur réseau et en proposant leur plateforme pour vendre leur art. Le deuxième service concerne les amateurices d’art qui souhaitent investir avec un budget limité, à qui elles proposent les œuvres de leurs artistes in-house. Enfin, DEMAIN s’adresse aux entreprises qui souhaiteraient acquérir une œuvre d’art, à l’achat ou à la location, pour leurs bureaux. Diane et Florence proposent alors un service personnalisé depuis la première rencontre jusqu’à l’affichage de l’œuvre choisie.

À travers DEMAIN, Florence et Diane veulent casser les codes d’un monde de l’art conservateur et opaque et rendre ce milieu plus accessible. La plupart des œuvres proposées sont en dessous de 5.000 euros, pour encourager les personnes qui ont des budgets limités à s’y intéresser. Enfin, leur démarche innovante est animée par des valeurs sociales de promotion des artistes locaux·ales. “Il est important pour nous de soutenir leur travail. On a tendance à l’oublier, mais nous avons de nombreux artistes talentueux·ses en Belgique,” affirme Florence.

Une couveuse d’artistes qui intervient dans la période pré-galerie

Pour le moment, Florence et Diane travaillent avec une quinzaine d’artistes. Une grande partie d’entre elleux est exposée sur le site et leurs œuvres sont proposées à la vente. La collaboration avec DEMAIN n’est pas contraignante. Cela veut dire qu’un·e artiste recevra l’aide qu’iel désire en fonction de son degré de maturité artistique et de ses besoins. “On leur propose de leur donner de la visibilité auprès de notre réseau d’amateurices d’art, de collectionneur·euses, de curateurices,” explique Florence. Elles leur apportent également un soutien financier qui leur permet de payer leur studio et faire agrandir leur travail.

© DEMAIN x Wedocumentart

Puisque DEMAIN n’est pas une galerie, elle ne demande pas l’exclusivité. Les artistes sont donc libres de faire des expositions ou d’entretenir des collaborations indépendamment de leur relation à DEMAIN. “Le but est d’agir comme un tremplin, clarifie Florence, nous les aidons lorsqu’iels sortent de l’école, le temps qu’iels trouvent une représentation fixe. Grâce à nous, iels construisent leur réseau de collectionneur·euses, de curateurices des galeristes. Quand les artistes trouvent une représentation fixe, iels nous quittent, mais c’est génial pour nous car cela veut dire qu’iels ont vraiment pris leur élan.”

Depuis son lancement, huit artistes que DEMAIN a suivi·es sont parti·es en galerie. C’est ainsi que Julien Saudubray, Heidi Ukkonen et Sophie Varin se sont lancé·es.

Accompagner les amateurices d’art dans leur démarche d’achat

Florence et Diane accompagnent les client·es pour les aider à trouver l’œuvre qui leur conviendra le mieux. En s’informant sur leurs préférences, leurs sensibilités, ce qu’iels recherchent dans une œuvre, elles se font une idée précise des goûts des personnes. Cela leur permet d’établir une sélection d’œuvres qui pourraient leur plaire. “Certain·es viennent avec une idée très claire, tandis que d’autres souhaitent être accompagné·es dans leur décision, précise Florence, nous pouvons également nous rendre sur place pour prendre conscience de l’espace dont les client·es disposent.” Inversement, elles peuvent aussi organiser une rencontre avec un·e artiste. Une œuvre choisie de cette manière prend ainsi une signification plus importante pour l’acheteur·euse qui aura pu découvrir la démarche de l’artiste qu’iel soutient.  

En plus de la vente aux particuliers, DEMAIN propose un service de vente et de location d’art destiné aux professionnel·les. “Mettre de l’art dans le milieu professionnel est une façon de donner envie aux personnes de retourner au bureau, soulève Florence. C’est une manière d’inspirer les employé·es à la créativité.” Des recherches ont par ailleurs démontré qu’afficher des œuvres d’art dans une salle de réunion permet de faciliter le contact avec lae client·e, l’œuvre se présentant comme une amorce de conversation. Pour l’entreprise, c’est aussi l’occasion de partager ses valeurs, son ADN, tout en apportant un soutien crucial dans la carrière d’un artiste. Et cela, à un prix accessible.

La team DEMAIN s’est agrandie avec Florence Rens © DEMAIN

DEMAIN tient régulièrement des expositions pour donner l’occasion aux personnes de découvrir le travail de leurs artistes. La prochaine, nommée UPSTREAM, aura lieu du 4 au 25 août en collaboration avec Degroof Petercam. C’est le travail de Ethel Coppieters et Ewoud Viane qui y sera exposé.

Ce contenu vous est proposé dans le cadre de Propulsion by KIKK, un projet de sensibilisation au numérique pour et par les femmes.

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