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Michel, senior et pionnier du gaming

Auteurice de l’article :

François Genette

Accro à l’actu, fan de la culture geek, aficionado de tech digitale et gamer acharné, François Genette est passionné par tout ce qui touche au numérique. Journaliste pendant près de 15 ans dans les grands médias nationaux et locaux, il utilise aujourd’hui sa plume pour partager ses découvertes venant des univers qu’il affectionne.

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Iels ont 65 ans et plus. Iels ont eu la chance de découvrir et de jouer aux tout premiers jeux vidéo de l’histoire, d’abord sur des ordinateurs, puis sur des consoles. Iels ont vu l’industrie vidéoludique évoluer et se professionnaliser, et iels ont pu mettre leurs mains sur des jeux de plus en plus complexes, riches, profonds et graphiquement développés. Rencontre avec Michel Genette, l’un de ces pionnier·ères du gaming.

Assis devant son écran d’ordinateur, une main sur le clavier, l’autre sur la souris, Michel joue à ‘Titanfall 2‘, l’un des jeux qu’il a téléchargés depuis le Game pass de Microsoft.

A 70 ans, ce n’est pas du tout le premier “first person shooter” – comprenez un jeu dans lequel vous ne voyez que vos mains et vous devez tirer sur des ennemis qui vous font face – auquel Michel joue. En réalité, des jeux vidéo, il en a déjà terminé des centaines dans sa “carrière” de gamer.

Et le tout premier d’entre eux, c’est lui-même qui l’a codé : “Lorsque je suis sorti de l’université à la fin des années 70, j’ai eu un TRS 80 à prêter. Rapidement, j’ai eu envie de pouvoir programmer moi-même un jeu, et j’ai fait mon premier essai sur le langage Basic, un outil de code très simple. Le jeu avait un principe sommaire : je commandais un canon avec les flèches du clavier et je tirais sur des avions qui passaient de part et d’autre de l’écran.”Cette envie de réaliser lui-même ce jeu, il l’explique par plusieurs facteurs : “À l’époque, je ne connaissais pas d’autres jeux existants, raison pour laquelle je me suis fabriqué mon jeu moi-même. Mais ce qui m’a encore plus plu, c’est de pouvoir le programmer. En tant qu’ingénieur, c’était un défi intéressant car les langages informatiques de ce genre étaient encore nouveaux.”

Multi-genres et “solo gamer”

Au début des années 90, Michel reçoit son premier ordinateur pour le boulot – il est alors ingénieur civil et responsable du développement des réseaux intelligents pour une grande marque de télécommunication. Mais cette machine, un 80386 SX25, sert surtout à jouer aux premiers jeux vidéo qui sortent à l’époque.

Ceux-ci sont déjà assez développés, ce qui attire non seulement son intérêt, mais aussi celui de ses fils (NDLR: dont l’un d’entre eux n’est autre que moi!) : “Mes deux fils ont très vite accroché, et ils se sont mis rapidement à jouer beaucoup. Il a donc fallu trouver un équilibre à la maison. J’ai décidé de mettre en place un système où chacun jouait à son tour pendant une heure par jour. Cela permettait à la fois de leur éviter d’être trop sur l’ordinateur, et de mon côté, j’avais encore du temps devant l’écran pour pouvoir jouer.”

À ce moment-là, les jeux qui lui plaisaient sont des “points and clicks” comme ‘Indiana Jones et la dernière croisade’. Des jeux qui, comme leur nom l’indique, vous demandent d’utiliser la souris pour pouvoir découvrir le monde et résoudre les très nombreuses énigmes présentes.Mais d’autres types de jeux lui plaisaient également : “Les jeux de gestion comme ‘Civilisation’, par exemple, étaient très amusants et assez différents en termes de gameplay. Il y avait aussi des jeux qu’on appelle STR (stratégie temps réel) où vous deviez gérer votre armée à la volée, comme ‘Warcraft’, et puis plus tard ‘Age of Empire’. Cela me plaisait, mais le seul problème, c’était lorsque je jouais avec mes fils. Ceux-ci me battaient à plate couture car ils allaient plus vite que moi, tant au niveau du jeu en lui-même qu’au niveau des décisions stratégiques prises. Cela m’a dégoûté du multijoueur. C’est pourquoi depuis lors, je suis resté un solo gamer, c’est-à-dire un joueur qui joue seul contre le jeu.”

© François Genette

Spectateur actif de l’évolution exponentielle du jeu vidéo

Plus les années avancent, et plus Michel a l’opportunité de jouer à des jeux de plus en plus complexes et de plus en plus profonds, avec aussi des graphismes de plus en plus beaux et détaillés. Et cette évolution ne fait qu’augmenter son attrait pour le support : “Dans les années 2000, la 3D est arrivée, les jeux sont devenus beaucoup plus grands et fournis. C’était pour moi une nouveauté très intéressante car cela mettait l’accent sur l’exploration et sur des histoires de plus en plus poussées. Pour donner un exemple, j’ai adoré ‘Baldur’s Gate’ et ‘Baldur’s Gate 2’, sur lesquels j’ai passé de nombreuses heures.”Une autre évolution qui l’a marqué, c’est l’intégration de moteurs physiques réalistes : “Quand tu lances un objet, tu vois qu’il va rebondir de manière réaliste, et je trouve cela très jouissif. De plus, le fait que les développeur·euses intègrent cela dans leur mécanique de gameplay me plaît énormément. Cela permet de faire face à un tas d’énigmes et de situations très différentes, et souvent très intelligemment amenées.”

S’adapter face à l’évolution du marché

Aujourd’hui, le nombre de jeux qui sortent est gigantesque. Et ces derniers prennent énormément de temps. Ce qui a poussé Michel à changer son fusil d’épaule quant à la façon d’appréhender les titres sur lesquels il joue : “Avant, je terminais toujours les jeux que je commençais. Si le jeu était mauvais, je voulais malgré tout voir jusqu’où il allait m’emmener. Mais aujourd’hui, il y a tellement de propositions différentes que je ne prends plus ce temps-là. Je donne à chaque jeu quelques heures pour me convaincre. Mais si l’un d’entre eux ne me plaît pas après ce temps imparti, alors j’arrête et je passe au suivant.”

Autre élément sur lequel il met de l’importance, la difficulté du jeu : “Je suis un joueur qui joue d’habitude en mode ‘Normal’. Mais si dans ce mode, les défis sont trop relevés, je vais avoir tendance à abandonner. Par exemple, j’étais récemment sur un jeu qui s’appelle ‘Dying Light’. À la toute fin de ce dernier, tu fais face à un boss qui est extrêmement difficile. Or le problème, c’est que quand tu meurs contre lui, tu perds tous les objets que tu as utilisés lors du dernier combat. Du coup, c’est encore plus difficile la fois suivante. J’ai donc arrêté, alors que j’étais presque au bout du jeu.”Enfin, même s’il trouve que les jeux vidéo actuels sont souvent impressionnants, Michel remarque une certaine redondance : “Quand on y regarde de plus près, les jeux reviennent toujours sur des recettes connues. Par exemple, au niveau scénario, on a régulièrement des mondes post-apocalyptiques à la suite d’une maladie, des zombies ou alors d’une catastrophe nucléaire. Au niveau du gameplay, ce sont un peu toujours les mêmes mécaniques qui reviennent, même si beaucoup de développeur·euses parviennent à apporter quelque chose en plus qui rend leur jeu intéressant. Last of Us 1 et Last of Us 2 en sont de parfaits exemples”

Les plaisirs d’un senior gamer

Ce qui plaît le plus à Michel aujourd’hui, c’est l’inventivité dont font preuve les studios qui créent les jeux vidéo et les mondes que ces derniers parviennent à créer : “Aujourd’hui, ce que j’aime le plus, c’est le tout début des nouveaux jeux que je fais. Quand tu entres dans un nouveau monde et que tu découvres tout ce que les développeur·euses ont mis en place. Les différentes régions de plus en plus réalistes et vivantes. Dans ces premiers moments de découverte, je prends mon temps, je vais explorer petit à petit tous les coins de la carte pour voir ce qui m’y attend. Ces premiers moments d’exploration sont pour moi un bonheur.”
Enfin, ce sont encore et toujours les scénarios qui accompagnent les jeux que Michel apprécie, et ce, compris les personnages principaux, de quelque nature qu’ils soient : “Je n’ai jamais eu aucun problème avec le genre ou l’origine d’un personnage principal. Ce qui est le plus important pour moi, c’est qu’il ou elle soit bien écrit·e et que je m’y attache. D’ailleurs, parmi mes jeux préférés, il y a ‘Horizon New Dawn’ et sa suite ‘Horizon Forbidden West’ dans lesquels le personnage principal est une héroïne nommée Aloy. J’ai totalement adoré ces jeux, que ce soit en termes d’histoires, de personnages, ou encore d’exploration.”

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