KIKK Festival 2025, quand la Wallonie rayonne dans la galaxie créative mondiale
Auteurice de l’article :
À Namur, le KIKK Festival n’est plus un simple rendez-vous des arts numériques. En quatorze éditions, l’événement s’est mué en catalyseur de talents, connectant artistes, start-up et institutions du monde entier. Entre internationalisation des ICC et créativité transfrontalière, il incarne une Wallonie audacieuse, ouverte et inventive.
“Je pense qu’on est un vortex”, résume Gilles Bazelaire, cofondateur du KIKK. Le mot claque, à l’image du festival. Depuis sa création, cet “accident travaillé” — comme il aime l’appeler — a su fédérer des mondes qui s’ignoraient : l’art, la tech, l’économie, le design, la recherche. L’événement a construit un pont entre créativité et innovation, entre culture et économie. “On a réussi à créer un événement unique, à la fois culturel et économique. On ne fait aucun compromis sur la qualité. Je pense que le public professionnel revient chaque année parce qu’il sait qu’il va être positivement surpris par la programmation”, insiste Gilles Bazelaire.

Chaque année, le KIKK attire à Namur un public international, curieux de découvrir des créations hybrides et de croiser des faiseur·euses du numérique venu·es des quatre coins du monde. Pendant quatre jours, la capitale wallonne se transforme en véritable laboratoire vivant : les conférences, les expositions, les installations immersives et les soirées tissent un réseau dense de connexions humaines et professionnelles. “La taille de la ville est un atout. Tout le monde se croise, dans les salles, les bars, les restos. À Paris ou New York, tu disparais une fois la conférence terminée. Ici, les rencontres se poursuivent naturellement.”
L’internationalisation comme moteur
Si le KIKK séduit, c’est aussi parce qu’il fonctionne comme une rampe de lancement pour les industries culturelles et créatives (ICC) wallonnes. “Avoir un événement aussi qualitatif, avec un public et des intervenant·es de très haut niveau, donne une image hyper positive de notre territoire”, souligne Gilles Bazelaire.
Au fil des éditions, le festival a généré d’innombrables collaborations internationales : créations co-produites avec le Canada, l’Espagne ou le Japon, projets artistiques transfrontaliers, rencontres entre studios et entreprises tech. L’une d’elles a même conduit à un contrat entre Dogstudio, sa société d’alors, et Microsoft, ouvrant la voie à un premier bureau américain. “Ce sont des histoires comme celles-là qui font la richesse du KIKK, dit-il. On attire les gens, mais on les aide aussi à s’internationaliser. Le KIKK Festival fonctionne à la fois comme catalyseur et propulseur.”
Derrière cette dynamique, deux acteurs-clés : l’AWEX (Agence wallonne à l’Exportation) et WBI (Wallonie-Bruxelles International). Leur rôle dépasse le simple soutien logistique. “L’AWEX, c’est un réseau déployé dans des dizaines de pays. On travaille ensemble toute l’année, pas seulement pendant le festival”, poursuit Gilles Bazelaire. Les attaché·es économiques et culturels de ces organismes connectent les acteurices du KIKK à de nouveaux partenaires, invitent des délégations étrangères et accompagnent les entreprises dans leur déploiement hors frontières. “C’est un travail à l’année, un maillage constant entre les réseaux économiques, culturels et créatifs”, ajoute-t-il.







La Grande Région créative, accélérateur transfrontalier
Cette année, la dynamique s’est encore amplifiée avec le lancement pendant le festival d’une zone de dialogue et de coopération nommée “La Grande Région créative” initiée par wake! by Digital Wallonia, l’écosystème wallon de la créativité numérique animé par le KIKK. L’idée ? Faire du transfrontalier une première marche vers l’international. “On a souvent tendance à imaginer l’internationalisation comme un horizon lointain : Montréal, Tokyo, San Francisco…, explique Delphine Jenart, coordinatrice de wake! Mais en réalité, quand tu travailles avec la France, le Luxembourg ou l’Allemagne, tu es déjà dans l’international et c’est une dimension plus accessible aux entreprises créatives qui se lancent.”
En s’appuyant sur la présidence wallonne de la Grande Région (zone de coopération transfrontalière incluant la Wallonie, le Luxembourg, Grand Est – Lorraine en France, Sarre et Rhénanie Palatinat en Allemagne), la Grande Région Créative vise à relier les écosystèmes créatifs, culturels et numériques voisins. Qui allie l’expertise du KIKK et de l’AWEX/WBI, chacun jouant sa partition : “L’AWEX et WBI ont la mission d’internationaliser le territoire, mais ce sont des généralistes, souligne Delphine Jenart. La connaissance plus fine de l’écosystème créatif numérique avec wake! permet d’identifier avec plus de granularité les acteurices de nos secteurs. En associant nos forces, on gagne en pertinence et en efficacité.”
L’enjeu est clair : faire émerger des coopérations durables, encourager des coproductions et tracer des autoroutes de communication entre entreprises créatives. “Le Luxembourg, par exemple, est très fort sur l’immersif. En Wallonie, notre force est le gaming, le branding créatif et les expériences phygitales. Ces complémentarités sont des opportunités évidentes.”
À terme, cette approche “régionale élargie” pourrait devenir un modèle d’internationalisation graduelle : encourager les indépendant·es, studios et TPE à franchir les premières frontières avant de viser les marchés plus lointains. “C’est aussi une question de confiance, conclut Delphine Jenart. Avoir un·e client·e de l’autre côté de la frontière, c’est déjà une forme d’internationalisation. Et ça change tout dans la perception qu’une entreprise peut avoir d’elle-même.”
Expérimenter, inspirer, propulser
Au cœur du KIKK, le KIKK Market et les espaces XR incarnent cette effervescence créative. Cette année encore, l’espace dédié aux expériences immersives a attiré les foules, sous la houlette de Laszlo Arnould, fondateur de Popul-AR. “Le KIKK, c’est le meilleur endroit pour confronter les univers, confie-t-il. On y croise des créateurices brésilien·nes sans budget, mais avec une rigueur incroyable, et des studios européens installés. C’est un lieu de friction positive.”
L’espace XR, gratuit et foisonnant, a présenté plus de soixante projets issus d’une trentaine de créateurices internationaux·ales : Australie, Ukraine, Pays-Bas, Belgique ou France. “Le public a été conquis, se réjouit Laszlo Arnould. C’est un bonheur de voir des enfants s’émerveiller devant une œuvre qu’ils ne verraient nulle part ailleurs.”

Même son de cloche du côté des participante·es étranger·es, à l’image de Misch Strotz, cofondateur de la start-up luxembourgeoise Letz AI. “C’est ma première fois à Namur et je suis bluffé, confie-t-il. Le KIKK m’a permis de rencontrer des créatif·ves venu·es de partout, dans une atmosphère vraiment unique.” Sa plateforme, spécialisée dans la génération d’images et de vidéos par IA, compte déjà plus de 100.000 utilisateurices dans le monde. Pour lui, l’avenir se jouera dans la création d’environnements immersifs et interactifs. “Le futur, c’est l’IA générative appliquée à des mondes entiers, des expériences que tu peux habiter.”
Cette diversité de points de vue, d’échelles et de disciplines fait la richesse du KIKK. Et c’est précisément cette pluralité qui attire les acteurices institutionnel·les comme économiques. “Ce festival est une vitrine du savoir-faire wallon et un accélérateur d’opportunité”, souligne Pascale Delcomminette, administratrice générale de l’AWEX et de WBI. Pour elle, le rôle de ces institutions est d’”outiller” les créateurices : les accompagner dans leur professionnalisation, leur ouvrir des marchés, et faire connaître la créativité wallonne à l’étranger. “Les ICC ne sont pas qu’un secteur culturel, insiste-t-elle. Elles sont un véritable levier économique, un moteur d’innovation et de rayonnement pour la Wallonie.”
L’interview complète de Pascale Delcomminette est à retrouver ici.
Le futur est déjà là
Alors que le KIKK s’apprête à fêter sa quinzième édition en 2026, son équipe ne compte pas ralentir. “On ne sera jamais un festival de la mode ou du web ou de l’IA, sourit Gilles Bazelaire. On est un festival de la créativité numérique, et on évolue avec notre temps.” L’objectif : continuer à surprendre, à fédérer et à inspirer, tout en restant fidèle à l’ADN du festival : exigence, ouverture et plaisir de la découverte.
Et quand on lui demande ce qui le rend le plus fier, la réponse est immédiate : “Les gens. Quand je vois une salle captivée par un·e orateurice, des gamins fascinés par une œuvre, je me dis qu’on ne fait pas tout ça pour rien”.










Le KIKK Festival, un miroir du monde et un tremplin pour la Wallonie : entre curiosité, excellence et collaborations transfrontalières, l’événement prouve que la créativité n’a pas de frontières. Namur, petite par la taille, grande par l’audace, s’impose plus que jamais comme un hub d’innovation culturelle. Et la Wallonie, à travers le KIKK, rappelle au monde que la création, ici, se conjugue toujours avec ouverture.
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