1
ArticleCover 12 minutes of reading

When ecology considers itself in terms of sound

Article author :

Marie-Flore Pirmez

A voracious fan of podcasts and documentaries, Marie-Flore is a firm believer in the revival of print journalism thanks to the many opportunities offered by the web and long-form magazines. When she takes off her journalist's hat, you're likely to find her hiking or in a yoga studio.

read more

Dans les années 1960, au Canada, apparaît le concept d’écologie sonore. Entre saturation et disparition de nos paysages sonores, cette branche de l’écologie pointe du doigt une pollution invisible mais bruyante et invite à repenser notre écoute, pour protéger nos villes et nos campagnes, mais aussi nos oreilles.

(Pour rendre la lecture de ce dossier plus sonore, nous vous invitons à brancher votre casque et à vous laisser bercer par “Dawn Chorus”, une proposition de l’artiste et créateur sonore Joost Van Duppen dont nous vous parlons plus bas.)

Dawn Chorus, Joost Van Duppen

“Les années 1960 furent une décennie bruyante, peut-être la plus bruyante du 20ème siècle. Les voyages en avion venaient de voir le jour et épandaient leur vacarme près des aéroports, suscitant d’agressives campagnes antibruit. […] Dans le bâtiment, les chantiers sévissaient à grand bruit, avec l’extension des villes en Amérique du Nord et la reconstruction en Europe. Les années 1960 furent aussi celles des concerts de musique rock où le niveau sonore dépassait largement les 100 décibels (dB) – plus fort qu’aucune musique ne fut jamais jouée sur terre.” Tels sont les premiers mots de Raymond Murray Schafer dans la préface de son livre Le paysage sonore, publié en 1977. Un ouvrage à l’allure d’essai, de recherche académique et de recueil sensible sur le sonore. Le compositeur et théoricien canadien, décédé en 2021, est un des premiers à appuyer sur l’importance d’écouter le monde comme une vaste composition musicale dont nous sommes à la fois le public, les musicien·nes et les compositeurices.

R. Murray Schafer – The Soundscape Our Sonic Environment and the Tuning of the World

À travers les nombreuses études qu’il mène dans le domaine, mais aussi en tant que professeur à l’Université Simon Fraser de Vancouver où il enseigne la composition musicale contemporaine et expérimentale, Murray Schafer passe le plus clair de son temps à explorer ses environnements acoustiques. C’est aussi à lui qu’on doit les notions de “paysage sonore” et d’écologie sonore auxquelles de nombreux·euses acousticien·nes se réfèrent encore aujourd’hui. Issu du Canada anglophone, Schafer forge le terme soundscape (littéralement, paysage sonore) en partant de la définition de landscape (paysage) : ainsi, si le paysage désigne tout ce qui peut être vu, le paysage sonore s’applique à tout ce qui peut être entendu.

En nous faisant prendre conscience
des paysages sonores, Schafer
nous a permis de considérer
leur beauté, mais aussi leur diversité
aujourd’hui menacée.

Gilles Malatray

Depuis la nuit des temps, nos paysages sonores n’ont cessé de s’enrichir des sons du monde vivant. Du son premier qu’est la caresse de l’eau aux oiseaux, puis au langage, à la musique, jusqu’aux révolutions industrielle et électrique qui ont radicalement transformé notre rapport au son et de facto, au silence. “En nous faisant prendre conscience des paysages sonores, Schafer nous a permis de considérer leur beauté, mais aussi leur diversité aujourd’hui menacée”, lance Gilles Malatray. Dans les années 1980, ce Lyonnais rencontre des associations qui travaillent déjà sur la préservation de l’environnement sonore. Avec sa double formation d’horticulteur et de paysagiste, mais également un penchant pour la musique, c’est après la lecture de la “bible” de Schafer, comme il aime à le dire, qu’il devient paysagiste sonore. Sur son blog, Desartsonnants, il écrit à ce sujet : “Un paysagiste sonore, promeneur écoutant de surcroît, est un artiste engagé, qui puise dans le lieu investi, de la matière sonore pour nourrir des gestes d’agenceur, d’aménageur, de créateur sonore, in situ ou dans des formes d’exo-territoires, parfois virtuels”. Concrètement, si Gilles collabore étroitement avec le monde de la création radiophonique, il travaille aussi sur le terrain, avec des écoles ou des associations, à développer une écoute subversive et plus consciente de nos environnements sonores.

Gilles Malatray

Pour le paysagiste du son, la rencontre avec les théories de Schafer fut un véritable coup de foudre. Mais selon lui, le concept d’écologie sonore serait à rafraîchir. Pour se remettre dans le contexte, le terme “écologie” est seulement en train d’émerger lorsque le théoricien canadien parle pour la première fois d’une “écologie sonore”, vers 1969. Il la définit comme l’étude des rapports entre les êtres vivants et leur environnement. L’écologie sonore se concentre donc sur les effets bénéfiques ou néfastes des sons sur la santé humaine, la faune et l’environnement, et cherche à promouvoir une utilisation plus responsable et durable des ressources sonores. “Avec les années, on développe forcément un regard critique sur les apports des théoriciens, développe Gilles Malatray. Aujourd’hui, je trouve que cette définition est un peu galvaudée. Je préfère parler d’une écologie de l’écoute, c’est-à-dire une approche pour comprendre comment un·e écoutant·e réagit face au monde sonore, qu’iel soit promeneur·euse, musicien·ne, artiste, aménageur·euse ou décideur·euse politique.” Il évoque aussi l’écosophie, une discipline qui s’intéresse plus largement à la relation entre l’être humain et l’environnement et qui peut, entre autres, utiliser le sonore pour promouvoir une meilleure compréhension de l’environnement naturel dans son ensemble.

Si l’écologie se pense du côté de l’écoute, elle doit aussi s’envisager en amont, du côté de la création sonore. Il n’y a qu’à se pencher sur la quantité de productions sonores, radiophoniques et autres podcasts qui pullulent sur le web. Même si les chiffres montrent que la production mondiale de podcasts a légèrement baissé suite au boom pendant la crise sanitaire de 2019, en 2021, selon les données de Podcast Industry Insights, environ 1,5 million de nouveaux podcasts ont été lancés, soit une moyenne de plus de 4.000 nouveaux podcasts par jour. Et en dehors de l’aspect quantitatif, c’est aussi le qualitatif qui entre en ligne de compte. De plus en plus de créateurices sonores revendiquent une posture écologique dans leurs productions et tendent à enrichir la matière sonore de manière à la respecter. Sans ajouter un fond musical inutile, en travaillant à l’échelle d’un lieu, voire du côté de la production sonore artistique, en imaginant des installations plus éphémères. Une posture que l’on croise beaucoup chez les adeptes du field recording.

Champ de son

Félix Blume, Hildegarde Westerkamp (une disciple de Murray Schafer) ou encore Joost Van Duppen, toustes pratiquent le field recording. Une technique d’enregistrement sonore qui consiste à capturer des sons dans leur environnement naturel, de la nature à la ville, des lieux publics aux plus reculés. “Aujourd’hui, le field recording n’est plus simplement une trace qui capture un paysage sonore, c’est aussi un geste de composition, explique Gilles Malatray. Des gens de radio ou des performeur·euses live enregistrent des sons pour proposer leur propre interprétation d’un paysage sonore.” La plupart assument d’ailleurs un côté militant. Iels ne veulent pas uniquement nous montrer le ‘beau’ de ces paysages de son, mais souhaitent aussi nous faire réfléchir sur notre place au sein de ces environnements sonores.

Si vous avez appuyé sur “play” en début d’article, vous écoutez en ce moment un field recording du Belge Joost Van Duppen qui, au printemps dernier, a enregistré le chant des oiseaux à l’aube, au plus profond de la Forêt de Soignes. Sa création sonore a été diffusée dans les stations de métros bruxellois pendant la Semaine du son qui vient de se terminer dans la capitale. Son intention ? Ramener ces sons urbains disparus au cœur de l’espace public grâce à un transport largement utilisé et qui traverse des quartiers très divers. Une installation qui questionne beaucoup l’impérialisme sonore humain, surtout dans les zones urbaines.

Pollution, pollu-son

Vers 1975, pour un projet d’études intitulé “Cinq paysages sonores de village”, Murray Schafer ainsi qu’une équipe de chercheur·euses partent écouter les sons naturels et humains présents dans cinq villages européens plutôt similaires en superficie. Ils mènent aussi des interviews avec les habitant·es pour comprendre comment les sons du village influencent leur vie quotidienne, quels sont ceux qui les marquent plus que d’autres.

Five Village Soundscapes
The WSP group in the churchyard, Dollar (Scotland), 1975
Five Village Soundscapes

En 2009, une autre équipe de chercheur·euses compare les mêmes cinq villages pour voir comment l’environnement sonore a évolué au fil du temps. En presque 35 ans et principalement en raison de l’augmentation du trafic routier, de l’urbanisation et de l’industrialisation, les niveaux de bruit ont considérablement augmenté dans les villages étudiés, non sans impacter négativement la santé et le bien-être des villageois·es. Ces dernier·ères rapportaient une prévalence beaucoup plus faible des sons naturels tels que le chant des oiseaux ou les bruits de la nature, tandis que les sons humains comme la circulation et les bruits industriels étaient devenus bien plus présents.

En pointant du doigt la saturation et la disparition des paysages sonores dans les milieux ruraux, pareille recherche de terrain a également souligné l’importance de la réduction de la pollution sonore pour améliorer la qualité de vie des gens. Pour le paysagiste du sonore Gilles Malatray, elle révèle aussi un enjeu capital de planification urbaine et de conception des espaces publics. “Ça nous pousse à penser une écologie sonore très pratique, à éviter de faire passer une autoroute en plein milieu d’une zone de lotissements, pour réaliser par après qu’il faut installer des murs anti bruits.” Car bien qu’elle soit invisible, la pollution sonore est aujourd’hui devenue un fléau mondial, principalement dans nos villes.

Le bruit est la deuxième cause de mortalité liée à un facteur environnemental, juste après la pollution atmosphérique, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, qui attire aussi l’attention sur les chiffres : d’ici 2050, une personne sur quatre souffrira de problèmes auditifs. Parmi eux, les acouphènes – ces sons perçus par nos oreilles comme une sensation de bruit constant, en majeure partie causés par une exposition à des niveaux sonores trop élevés – touchent déjà une personne sur cinq. L’Agence européenne pour l’environnement estime quant à elle que 20% de la population européenne vivent dans des zones où les niveaux d’exposition sonore sont considérés comme préjudiciables pour la santé.

Bruxelles bruyante

En décembre 2021, le site money.co.uk s’est appuyé sur une panoplie de critères pour établir le niveau de pollution sonore que subissent les habitant·es des grandes villes européennes. Paris, Londres et Rome décrochent les premiers prix des métropoles les plus bruyantes. Bruxelles n’apparaît pas dans ce top 20. Mais en 2020, Karim Douieb – le data guy dont nous vous parlions il y a peu sur kingkong – s’était amusé à coder une carte interactive sur base de données fournies par Bruxelles Environnement pour mettre en son et visualiser la pollution sonore de notre capitale belge. “Je me suis inspiré du travail mené par une association londonienne qui avait réalisé le même genre de carte pour sa ville, mais aussi pour Paris et New-York, explique-t-il. En survolant les quartiers de Bruxelles avec sa souris, on peut ainsi avoir une idée du niveau sonore auquel on est exposé au quotidien.”

En musique, la surenchère du bruit

“Même si son incidence sur la santé n’est pas encore considérée, le bruit peut entraîner des problèmes comme des troubles du sommeil, des maladies cardiovasculaires, des troubles du système digestif, voire une aggravation des états dépressifs”, s’inquiète Marie-Paul Thill. Lors d’une conférence dédiée à la pollution sonore dans le cadre de la Semaine du Son, la cheffe du service ORL au CHU Saint-Pierre, à Bruxelles, accompagnée de Daniel Léon, professeur en techniques du son à l’Institut Supérieur des Arts, appuyaient sur le fait qu’en matière de bruit, le nœud du problème se situe dans le milieu musical. “Sur 40 années de pratique en tant que technicien son pour des festivals et de grandes salles de concert, le volume n’a pas arrêté d’augmenter”, constate Daniel Léon.

La quête du « toujours plus fort » existe depuis la nuit des temps et vaut malheureusement aussi dans le sonore. Mais depuis les années 1960, avec l’évolution de la musique rock et pop, on a vu apparaître des amplificateurs surpuissants. « À l’époque d’Elvis Presley, on avait des amplis guitare entre 3 et 5 watts, et les systèmes de sonorisation atteignaient au maximum quelques dizaines de watts, illustre Daniel Léon. Aujourd’hui, ces mêmes systèmes d’amplification qu’on connaît en festival atteignent des valeurs de l’ordre de quelques centaines de kilowatts. Et cette multiplication n’a pas multiplié notre résistance au son par le même facteur. »

Suite à ces avancées technologiques, chanteur·euses et musicien·nes ne s’entendaient plus sur scène. On a donc, dans les années 70, développé des systèmes de sono de plus en plus puissants, mais on a dû conjointement passer par l’installation de retours sur scène, de façon à ce que les artistes puissent à nouveau s’entendre. Ce qui a résulté à un effet cumulatif plutôt nocif. Et puis, il y a eu la compression, aujourd’hui omniprésente des salles obscures à la radio. “Le son compressé est un son dont on a réduit les écarts entre les sons forts et les sons faibles pour qu’il passe au-dessus du bruit ambiant, indique l’opérateur du son. Le comportement physiologique de notre perception du son nous fait croire qu’il faut monter le volume pour ressentir du plaisir à l’écoute, et donc mettre ses oreilles en danger. Beaucoup de musicien·nes m’ont déjà éjecté parce que je ne mixais pas assez fort à leur goût, mais ma politique restera de permettre au public de ne pas devoir se protéger les oreilles à cause de mon mix.” Et Thill de continuer : “C’est quand même un non-sens d’aller en concert et de devoir porter des bouchons, souvent de piètre qualité, qui ne nous permettent pas de profiter de la finesse du son, alors qu’il suffirait de baisser le volume !”.

Le bruit nous envahit, agis-sons

Dans un tel contexte, quelles sont les solutions pour se prémunir du bruit ? Faire comme l’artiste John Cage qui, pour entendre le silence absolu, a testé la chambre insonorisée de l’université de Harvard ? Astucieux avant de penser investir dans pareille installation chez soi, mais inutile. “Après quelques minutes dans une boîte insonorisée, l’oreille, ou plus précisément le cerveau, recrée des sons de fond tels que des bourdonnements ou des sifflements pour compenser le manque de bruit extérieur”, décrit Marie-Paul Thill.

Se tourner vers la législation ? Un premier pas, disons. En Belgique, l’environnement sonore est une compétence régionalisée. On retrouve ainsi divers plans de prévention en matière de bruit, et de vraies améliorations. “L’implémentation du plan Good Move avec l’instauration des zones 30 et des piétonniers a par exemple permis de réduire le bruit urbain de 3 dB, détaille Marie Poupé, responsable du Service Plan Bruit chez Bruxelles Environnement. Par ailleurs, dans la capitale, l’ordonnance ‘bruit’ et ses nombreux arrêtés d’exécution de 1997 forment la base juridique de l’action de la Région en matière de normes relatives au bruit du trafic aérien, du voisinage, ou encore du son amplifié.”

En 2017, un nouvel arrêté a d’ailleurs établi trois catégories pour tout établissement ouvert au public qui diffuse du son amplifié, qu’il s’agisse d’un restaurant, d’un centre culturel ou d’une discothèque. Moins de 85 dB(A), entre 85 dB(A) et 95 dB(A), et enfin, de 95 dB(A) à 100 dB(A). “Dans cette dernière catégorie, les diffuseurs sont obligés de mettre à disposition du public une zone de repos et des bouchons d’oreilles, ou encore de placer un appareil qui affiche en temps réel les niveaux sonores diffusés”, poursuit la responsable. Le législateur a également traduit les trois catégories en dB(C). Une pondération qui prend en compte la sensibilité de l’oreille humaine aux basses fréquences et est plus adaptée pour caractériser des niveaux sonores qui dépassent les 85 dB(A). Mais dans la pratique, ces limites n’ont pas mis tout le monde d’accord.

Penser que la loi protège les spectateurices d’un concert en limitant la diffusion à 100 dB(A),
c’est de la foutaise.

Marie-Paul Thill et Daniel Léon

Pour écrire les grandes lignes de cet arrêté de 2017, la ministre bruxelloise de l’Environnement de l’époque, Céline Frémault, a rassemblé 50 représentant·es du milieu musical et du spectacle, ainsi que deux expert·es : Marie-Paul Thill et Daniel Léon. “Contre les avis de 48 patron·nes de boîtes de nuit et de festivals, nos voix ne se sont pas vraiment faites entendre. Penser que la loi protège les spectateurices d’un concert en limitant la diffusion à 100 dB(A), c’est de la foutaise, s’insurgent les deux spécialistes. L’Union Européenne impose au monde du travail une norme ISO pour les activités professionnelles : 80 dB(A) pendant 8h de travail, ou 83 dB(A) pendant 4h, 86 dB(A) pendant 2h ou encore 89 dB(A) pendant 1h. Ce sur quoi les mondes académique et médical s’accordent, c’est une redéfinition de la limite à 90 dB(A).” D’où l’émergence du Label 90dB, une initiative belge indépendante de toute législation actuelle ou future qui permet aux organisateurices de concerts, aux musicien·nes et même aux orchestres, de s’engager sur base volontaire à ne pas dépasser les niveaux moyens compatibles avec le respect de notre santé auditive. Car contrairement à certaines idées reçues, l’oreille n’est pas un muscle, elle ne se fortifie pas à force de travail et d’exercices. “Et puis, il y a aussi la question du contrôle, ajoute Daniel Léon. Bruxelles Environnement doit mener des vérifications quant aux niveaux sonores diffusés dans les salles de concert, mais depuis la mise en application du décret en 2018, je n’ai pas vu un·e seul·e contrôleur·euse. Même son de cloche chez plusieurs de mes collègues. La police est également habilitée pour mener ces vérifications, mais ils reconnaissent ne pas savoir comment contrôler les limites légales.” Du côté de Bruxelles Environnement, on nous assure que des contrôles inopinés ou sur base de plaintes sont bien menés.

S’aérer les oreilles

Autre piste de solution pour repenser l’écoute cette fois-ci : les balades sonores. Apparues dans le monde anglophone dans les années 1970, non sans l’impulsion de Schafer et ses confrère·sœurs, les “soundwalks” sont de véritables excursions écologiques où les participant·es sont invités·e à se balader en écoutant et en interagissant avec les sons qui les entourent. Pour Gilles Malatray, le mouvement des balades sonores revête un enjeu citoyen et éducatif : “On prend du son ou on écoute simplement à oreilles nues ou avec des dispositifs augmentés comme des cônes de signalisation, raconte le paysagiste sonore. On s’amuse à placer les mains devant ou derrière les oreilles. Et puis, on échange sur nos ressentis pendant ou après la balade si elle se fait dans le silence. En prenant conscience de notre posture d’écoute, ces discussions nous amènent souvent à repenser notre rapport au monde.” Si les balades sonores touchent encore principalement des convaincu·es, elles commencent peu à peu à se frayer des chemins à l’école et à toucher des publics plus diversifiés grâce à des collaborations avec des collectifs citoyens.

© Rodolphe Alexis

Enfin, pour ouvrir le champ (auditif) des possibles et considérer le bruit qui nous envahit, peut-être pouvons-nous, une fois encore, nous laisser inspirer par les mots de Raymond Murray Schafer : “Qu’on me permette de livrer au·à la lecteurice cette pensée : il n’existe pas dans la nature de bruits capables de nous faire du mal. Dieu fut (entre autres) un ingénieur sonore de première force. Poursuivons sur cette voie pour concevoir les paysages sonores de demain”.

Call for projects

A story, projects or an idea to share?

Suggest your content on kingkong.

Share this article on

also discover