wake! Tour 2025, la Wallonie créative accélère en mode international
Auteurice de l’article :
À la veille du KIKK Festival, la Wallonie a ouvert les coulisses de ses industries créatives et numériques aux délégations étrangères. Le wake! tour, format spécialement conçu par l’Awex et le KIKK, embarquait ce 22 octobre pour une seconde édition investisseur·euses, curateurices, clusters et entrepreneur·euses à la découverte de deux écosystèmes clés : Bruxelles et Charleroi.
“L’objectif est clair : connecter l’écosystème wallon avec le monde, en montrant concrètement ce qu’il produit, comment il innove, et avec qui il peut collaborer”, résume Delphine Jenart, coordinatrice de wake! by Digital Wallonia et figure motrice du dispositif. Le wake! tour est un accélérateur de rencontres. Il crée les circonstances où les choses se passent.” Et les choses, précisément, se passent.

Le wake! tour, c’est une journée dense, rythmée par des pitchs, démos, visites d’espaces créatifs et rencontres avec les acteurices du terrain, le tout orchestré par l’AWEX, le KIKK, Digital Wallonia et leurs partenaires.
Bruxelles : l’événementiel immersif sous les projecteurs
À l’Atomium, patrimoine et créativité numérique se croisent. Le point de chute choisi par les organisateurices au coeur de la capitale européenne, connue pour sa vitalité événementielle, a offert un cadre idéal pour présenter les talents numériques made in Wallonie Bruxelles.
Parmi les intervenant·es : Marine Haverland (fomo.scene) a présenté le projet R.A.V.E., un parcours d’art numérique lié au monde de la nuit, tandis que Juliette Bibasse, curatrice d’expositions immersives, a partagé son regard sur la scène artistique bruxelloise. ACT Ld a partagé ses expérience qui mêlent design, art et innovation. Enfin, Antoine Goldschmidt (Magicstreet) a exposé ses expériences immersives créées pour des événements comme Bright Brussels et pour des lieux patrimoniaux tels que l’Atomium.


Un temps de réflexion a été aussi proposé autour des enjeux qui traversent le secteur événementiel, et l’atout compétitif du numérique créatif pour l’industrie. Un panel réunissant Manon Glauden (VO Group), Ruba Saleh (C-SHIP / ICHEC), Emmanuel Andries (dside group), Antoine Goldschmidt (United Belgian Visual Artists) et Emmanuel Angéli (Brussels Major Events) ont pu échanger autour de la durabilité, des compétences ou encore de l’inclusion dans ce secteur.
Charleroi : la réindustrialisation de l’Europe passe aussi par l’innovation et l’immersion
À Charleroi, la thématique “From Immersive Tech to EU Reindustrialization” a mis en lumière comment VR, gaming et IA peuvent transformer l’industrie traditionnelle. Les participant·es ont découvert les solutions immersives de Vigo Creative, adaptées à des besoins industriels, et les applications de Matgenix, utilisant l’IA pour travailler sur les métaux et générer de nouveaux matériaux. XR Intelligence a présenté son expertise en démonstrateurs technologiques immersifs pour les centres d’innovation à travers le cas de Sirris.







Les participant·es ont pu découvrir le hub carolo d’innovation digitale au service de l’ingénierie A6K, à la fois lieu d’expérimentation et de networking, illustrant comment l’ancien centre industriel peut devenir un terrain d’innovation numérique.
Un laboratoire créatif qui intrigue l’international
Parmi les participant·es venu·es sonder l’écosystème : des entreprises et opérateurices représentant la Grande Région, dont Meng JI, fondateur d’Arxy Future Lab, startup luxembourgeoise qui propose une plateforme de vente B2B alliant technologie de pointe et narration créative pour aider les marques à présenter leurs produits, se connecter avec des acheteurs et renforcer leur présence à l’échelle mondiale. Invité par le 1535° Creative Hub, il découvre pour la première fois le KIKK, le wake! tour et l’écosystème.
“Pour nous, c’est l’occasion idéale de comprendre ce qui se passe juste de l’autre côté de la frontière, explique-t-il. Nous développons de nouveaux produits intégrant XR et VR. Voir ce que les studios locaux créent, comment ils travaillent, quelles compétences existent ici, c’est précieux — que ce soit pour des collaborations ou pour recruter des talents.”
Fraîchement débarqué de Milan après un détour par Singapour, Meng Ji sourit : “Je n’avais aucune attente. Je préfère ne pas en avoir. Et pour l’instant, c’est une très bonne surprise”.
Cet intérêt venu de l’étranger n’est pas un hasard : depuis plusieurs années, la Wallonie s’illustre comme un terrain fertile pour l’innovation immersive, la réalité virtuelle, l’animation et les nouveaux médias. Le wake! tour met en scène ce bouillonnement.
“Je suis hyper impressionnée de ce que j’ai vu, confie Marion Gravoulet, participante venue de France, chargée de projets audiovisuel et créativité numérique pour la Région Grand Est qui organise aussi les rencontres professionnelles de l’immersif les RICCI. On sort d’A6K et c’est l’adéquation parfaite, selon moi, de lieux totémiques avec l’industrie, la recherche, la création, la formation. Ce sont vraiment des lieux comme ça qu’il faut initier sur nos territoires.”





L’AWEX, levier d’internationalisation
Le wake! tour n’est pas qu’une vitrine : il permet aussi de rencontrer celles et ceux qui font déjà rayonner la Wallonie à l’international. Deux entreprises en sont l’exemple parfait : Dreamwall et Vigo Creative. Toutes deux peuvent témoigner de ce que le soutien de l’AWEX a changé dans leur trajectoire.
Chez Dreamwall, studio carolo bien connu d’animation et d’expériences immersives qui pitchait lors du wake! tour Charleroi, les services de l’AWEX ont été déterminants. Nicolas Bernard, aujourd’hui business développeur et ancien stagiaire Explore, résume : “Dreamwall a fait appel au programme Explore quatre fois. Cela nous a permis d’envoyer des talents sur le terrain, de prospecter à moindre coût, et surtout de tester de nouveaux marchés”. C’est à Dubaï qu’il est lui-même parti pour trois mois. Pas simple, pas court — mais décisif.


“Trois mois, ce n’est pas assez pour conquérir un marché, mais c’est suffisant pour comprendre, analyser et ouvrir des portes”, dit-il. Son collègue Jérémy Branca, directeur créatif, confirme : “Grâce à son travail, on a identifié ce qui, dans notre offre commerciale, ne fonctionnait pas. Dubaï nous a permis de revoir notre stratégie et de comprendre ce marché extravagant et exigeant”.
Le programme Explore ne se limite pas à une expérience : il transforme. “Ça m’a challengé, ça m’a appris à me connaître et à structurer mes objectifs, raconte Nicolas, lauréat du prix du stage Explore. Et aujourd’hui, on travaille sur un projet aux Émirats que j’ai pu réactiver grâce aux contacts établis là-bas”. L’internationalisation, selon lui, est une évidence : “Pour se dépasser, il faut aller sur des marchés qui nous tirent vers le haut. Le Moyen-Orient en fait partie. Mais on regarde aussi l’Amérique du Nord”.
Dreamwall faisait aussi partie de la mission Osaka en mai dernier emmenée par le KIKK et wake! sur le pavillon belge de l’Exposition universelle (on vous en parlait ici).







Vigo Creative : des Schtroumpfs aux forces de l’ordre
Un autre témoignage marquant vient de Vigo Creative, studio namurois qui jongle entre jeux vidéo grand public — dont Les Schtroumpfs — et serious games à destination des pompiers, de la police, de la médecine ou du nucléaire. “Le matin, on travaille sur les Schtroumpfs. L’après-midi, sur des formations post-attentats. Ce sont les mêmes technologies, mais des mondes totalement différents”, explique son fondateur Christophe Hermanns.

Vigo Creative collabore avec l’AWEX depuis près de dix ans : missions économiques, salons internationaux, networking… mais aussi en tant que prestataire, notamment pour l’Expo universelle de Dubaï. Et l’impact est très concret. “C’est fou, mais c’est à Dubaï qu’on a rencontré la licence Schtroumpfs… alors qu’elle est basée à une heure de chez nous, raconte-t-il. Les missions économiques rapprochent autant les entreprises belges entre elles que des acteurices internationaux·ales. À chaque voyage, il en sort une collaboration.”
Arriver en délégation sous bannière belge change aussi totalement la donne. “Seul·e, certaines portes restent fermées. Avec l’AWEX, elles s’ouvrent.” Pour lui, l’international est indispensable. “Quand ton marché local est trop petit ou que ton produit a un potentiel mondial, tu dois franchir la frontière. Nos client·es sont partout, et la Wallonie n’est pas en retard. Parfois, on réalise même qu’on est en avance.”
Une Wallonie créative fière d’elle-même
Le KIKK Festival et le wake! tour ne sont pas seulement des vitrines : ce sont des espaces où l’écosystème se voit et se reconnaît. Vigo Creative en témoigne, “Le KIKK, pour nous, c’est montrer nos robots, nos technologies, faire découvrir ce qui se crée ici. La Wallonie doit être fière : dans beaucoup de secteurs, on n’est pas en retard, on est en avance”.
Même son de cloche chez Dreamwall : “Être réuni·es sous une bannière commune est essentiel. Les hubs se construisent en connectant les cercles”. Et c’est exactement ce que fait le wake! tour. Un dispositif que Delphine Jenart résume comme une mission : “Mettre en mouvement, relier, donner de la visibilité aux talents. La Wallonie est un territoire créatif puissant — le wake! tour permet simplement au monde de le voir”.

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