1
Weekly 3 minutes of reading

Weekly ※ vendredi 23.12.22

Article author :

Marie-Flore Pirmez

A voracious fan of podcasts and documentaries, Marie-Flore is a firm believer in the revival of print journalism thanks to the many opportunities offered by the web and long-form magazines. When she takes off her journalist's hat, you're likely to find her hiking or in a yoga studio.

read more

Le vendredi, c’est weekly : un condensé de ce que l’équipe a vu, lu, écouté et a envie de vous partager.

Belong Anywhere

Un dimanche fin d’après-midi et froid, nos oreilles ont été se lover à la Maison poème, à Bruxelles, pour une séance d’écoute. Nous y avons notamment entendu “Belong Anywhere“. Un documentaire radiophonique de Chloé Malcotti. Professeure de vidéographie à l’École de Recherche Graphique (ERG), la réalisatrice est plus habituée de l’image que du son. Elle bosse sur un projet de documentaire audiovisuel lorsqu’elle ne sait comment exploiter une partie de sa matière. Chloé se met alors à imaginer un volet de son travail dans le sonore.

Le pitch : début 20ème, l’entreprise belge Solvay installe une usine de bicarbonate de soude à Rosignano, une petite ville toscane. Pendant plus de 100 ans, les activités de l’usine transforment les corps et les esprits des travailleurs locaux (majoritairement masculins). Au fil des années, Solvay réduit sa production et ses besoins en main-d’œuvre. Les ouvriers quittent la ville, mais aujourd’hui, les habitations que Solvay leur avait construites se retrouvent en location sur Airbnb pour les vacanciers souhaitant s’exalter sur le sable blanc d’une plage artificielle, souvenir d’un désastre social et écologique. Vous le voyez maintenant, le rapport au titre ? Rassurez-vous, nous non plus, à la première écoute, on ne se souvenait plus du slogan de la plateforme de location de logements entre particuliers.

“Belong anywhere” – Chloé Malcotti

Historique, sensible, incarné, “Belong Anywhere” porte un discours critique sur une histoire passée sous silence et fait le trait d’union entre l’Italie de là-bas et d’ici. Car chez nous aussi, dès 1946, des milliers d’Italien·nes émigrent en Belgique pour travailler dans les mines de la région de Liège dans le cadre des fameux accords “bras contre charbon”. Pour ces familles, c’est un quotidien de baraquements, de fumées noires et de paysages sidérurgiques qui commence alors.

Time Machine

L’intelligence artificielle (IA) dite “deepfake” vit une véritable révolution silencieuse. L’an dernier, la société MyHeritage développait Deep Nostalgia, une technologie qui (r)animait nos ancêtres. On a ainsi vu Victor Hugo cligner des yeux pour la première fois. Même si le résultat était plutôt moyen. Mais depuis quelques semaines, vous avez peut-être vu passer des photos de vos potes transformé·es en légionnaires romain·es ou en princes et princesses de France. La députée Ecolo Margaux de Ré s’y est même essayée.

Immédiatement après son lancement, cette IA nommée Time Machine est devenue virale, surtout au sein de la communauté d’historien·nes, d’archéologues et autres mémorialistes du réseau social en 140 caractères. Sur base d’une trentaine de photos, l’IA recompose des images pseudo-historiques hyper réalistes et pose évidemment question, notamment pour les artistes et la protection de leur travail. La technologie deepfake s’inspire en effet de tout ce qui est préexistant pour construire de nouvelles œuvres photographiques. Autre point d’interrogation : les données privées des utilisateurices sont stockées en dehors de l’Union européenne. Voilà de quoi donner des arguments au mouvement #noaiart qui proteste contre l’art généré par intelligence artificielle.

Faut-il aussi le rappeler, ce petit jouet technologique reste avant tout un brillant outil marketing pour l’entreprise MyHeritage qui vend des services de généalogie et des tests ADN à travers le monde.

Corps modernes

Pour visibiliser les corps absents des champs visuels du quotidien et comprendre comment la société façonne nos corps, le photographe Laurent Poma s’est lancé dans un projet de recherche photographique. Formé à la photo documentaire qu’il enseigne d’ailleurs à l’IHECS, le Bruxellois explique s’être lancé après une prise de vues de nu, encouragé par sa compagne Alexia Zoina qui l’aide dans la promotion de la recherche. “Le modèle m’a demandé de lui faire voir son corps. C’est à ce moment-là que j’ai compris que le corps était éminemment politique.”

Ouvert à toustes – âge, morphologie et expérience en studio confondu·es – c’est avant tout la conversation avec les modèles qui se trouve au centre. Fond sobre, lumière naturelle autant que possible, le couple explique être concerné par les corps dits “hors normes”. Gardez les yeux ouverts sur kingkong. Il se pourrait qu’on vous reparle plus en détails de cette recherche-image et sa portée artistique dans un futur proche.

Call for projects

A story, projects or an idea to share?

Suggest your content on kingkong.

Share this article on

also discover